Deuxième bougie et donc troisième fête du cinéma pour ma
page ciné. Un programme légèrement allégé par rapport aux éditions
précédentes en ce qui me concerne pour cause de programmation peu
alléchante. Déjà, louze le dimanche avec une tentative de début à Bercy un
jour de pluie, grossière erreur. Du coup, au lieu de faire un film
d'animation pour commencer, comme le veut la tradition, je reprends ce
lundi avec un autre genre un peu à part (et une première pour mes
critiques), le film à sketches.
Ce format assez rare vous permettra d'échapper à mon sacro-saint résumé de
l'intrigue du deuxième paragraphe (vous en avez, de la chance) puisqu'il
n'y a pas moins de 18 segments, dont la durée est donc nécessairement
limitée, de l'ordre de cinq minutes chacun. Pour le contenu, le titre est
assez clair, tout se passe à Paris, et il est souvent question d'amour.
Ce regroupement de réalisateurs d'horizons très divers est finalement une
fausse bonne idée, le trop étant encore une fois l'ennemi du bien. Cinq
minutes, c'est court, trop court pour développer réellement des
personnages ou un sujet. Du coup, on esquisse, ou on tombe dans la
facilité et le cliché. Gurinder Chadha et Wes Craven sont sûrement les
pires exemples de cette deuxième catégorie ; à l'opposé, Depardieu s'en
sort bien, et Tykwer émeut. Le reste est souvent attendu (Van Sant ou
Salles font leur cinéma, film de commande ou pas), pas spécialement
désagréable mais assez creux dans l'ensemble.
Reste tout de même un double plaisir pour moi : le premier est purement
cinéphile, c'est le plaisir de voir apparaitre à chaque nouveau segment
(le nom du réalisateur étant déjà connu) un ou deux grands acteurs, ce qui
forme mine de rien au final l'un des castings les plus éblouissants qu'on
ait jamais vus au ciné. Et puis bien sûr il y a Paris. Quand on est comme
moi amoureux de cette ville, on peut passer les deux heures du film rien
qu'à scruter les décors et reconnaitre les petites rues et ressortir de la
salle satisfait. Qui plus est, alors que le contenu des courts tombe
souvent dans le cliché, le choix des lieux de tournage évite assez bien ce
travers (bon, vous aurez bien droit à la Tour Eiffel ou au Père Lachaise,
mais on est vraiment loin de la simple ballade touristique), donnant une
assez large visibilité aux petites rues et recoins de la ville.
Une très bonne façon de commencer cette Fête du Cinéma, finalement. Pas
sûr que les moins parisianophiles apprécient autant que moi, mais je
trouve tout de même que cette initiative sympathique mérite d'être
encouragée. A recommencer peut-être en laissant un peu plus de place à
chaque réalisateur pour qu'il puisse réellement s'exprimer.
Roupoil, 30 juin 2005.