Amenabar, vous connaissez ? Oui, bien sûr, ce
réalisateur qui a fait Les Autres avec Nicole Kidman ! Bon, eh
bien avant ce film (que je n'ai d'ailleurs pas vu, mais ça devrait venir,
le DVD trone sur une étagère à la maison), il avait réalisé dans son
Epagne natale deux thrillers qui lui ont ouvert les portes d'Hollywood :
l'excellent Tesis (critique sur mon site dès que j'ai pris le
temps de le revoir), et ce deuxième film qui n'a pas tardé à être remis en
boite version ricaine avec Tom Cruise dans le rôle titre. Hmmm, je vais
m'en tenir à la version d'origine.
Cesar, 25 ans, est un immonde beau gosse. À tous les sens du terme,
puisqu'il aligne les nanas sans grande considération tout en se vautrant
dans l'argent dont il a hérité. Il en néglige même son meilleur ami Pelayo
en lui piquant la fille de ses rêves, et surtout sa copine plus ou moins
régulière Nuria. Celle-ci se venge en les envoyant dans le mur en bagnole.
Cesar survit, mais il y a perdu son visage d'ange, et sa vie semble
désormais tourner au cauchemar.
Il n'y a pas que ça d'ailleurs, puisque le film est raconté en flash-back
depuis un hôpital psychiatrique où Cesar est détenu, accusé de meurtre et
apparemment atteint de délire aigu. Le film va nous dérouler lentement les
événements qui l'ont conduit là. Un peu trop lentement peut-être, car
pendant un bon moment, l'atmosphère de mystère manifestement voulue par
Amenabar ne se met pas en place. Il y a juste un trop gros décalage entre
les scènes avec le psy et l'histoire racontée, qui ne recèle que peu
d'indices pouvant intriguer le spectateur. En fait, elle se contente de
nous faire un brin de morale sur le thème "la vraie beauté est à
l'intérieur", mais ça tourne un peu en rond, et autant Amenabar fait
preuve d'une réelle maitrise niveau réalisation, autant les dialogues
tombent parfois à plat (la scène dans la discothèque par exemple est
sûrement trop longue). Point sympathique tout de même : comme dans
Tesis, les personnages principaux sont des gamins (25 ans à
peine), ce qui n'est pas si fréquent au ciné (ou alors on tombe dans la
case ados).
Et puis, enfin, la belle machine se décide à se déregler un peu, et les
événements intrigants à se succéder. Dès lors, Amenabar s'accroche au côté
thriller paranoïaque de fort belle manière, sans y chercher à tout prix
une logique (il nous donnera bien une explication finale, mais qui laisse
bien de la liberté sur l'interprétation de ce qui s'est passé), et la
maitrise technique fait le reste. On plonge dans le cauchemar avec Cesar,
et on retient son souffle jusqu'au beau dénouement.
On en vient même à regretter que cette première grosse demi-heure gâche un
peu le plaisir, en se demandant si le réalisateur, manifestement doté d'un
budget bien plus conséquent que pour son premier film, n'a pas cherché à
arrondir un peu les angles en calant le plus possible son histoire sur des
bases classiques. Une erreur à mon avis, mais ce qui est certain c'est que
ce jeune homme est doué, très doué. J'en serais presque curieux de voir ce
qu'il a donné après passage par la case hollywood...
Roupoil, 28 décembre 2007.