Parmi les nombreuses possibilités de faire du grand
spectacle pour pas cher (ou pour cher, mais qui rapporte encore plus), le
filon "safari en Afrique" a été relativement peu exploité par nos amis les
producteurs hollywoodiens. Mais il a tout de même permis a Pollack de
toucher le gros lot avec sa classique adaptation des mémoires de Karen
Blixen.
Le film, donc, raconte la vie de cette danoise partie un peu sur un coup
de tête à l'aventure au Kenya, sous prétexte d'un mariage arrangé avec un
ami suédois. Pour être plus précis, le film ne raconte que son séjour en
Afrique, et s'attarde plus excatement sur ses déboires amoureux. En effet,
Karen, pas vraiment amoureuse de son mari, tombe par contre sous le charme
du pays, et ensuite de Dennis Finch Hatton, un aventurier solitaire. Que
va-t-il bien pouvoir se passer ensuite ?
Ca ressemble à du mauvais mélo ? Honnêtement, sur le plan du scénario, le
film n'est pas beaucoup plus que ça. C'est d'autant plus dommage qu'il y
avait des tas de pistes à exploiter pour le rendre plus profond : la
colonisation est à peine entrevue, les rapports entre blancs et noirs sont
exposés uniquement via le point de vue de l'héroïne et même les liens
entre Blixen et Finch Hatton ne sont pas très approfondis. Pollack a
choisi de faire un film lisse, en procédant par petites touches. C'est son
droit, mais il aurait sûrement gagné à faire moins conventionnel.
Ceci dit, une fois ces réserves posées, c'est de la belle ouvrage. Les
paysages sont tout simplement magnifiques, et le directeur de la photo
s'est manifestement fait plaisir (raaah, c'est décidé, après le Pérou, je
pars en Afrique !). On peut se plaindre de la facilité du procédé (oh, un
cinquantième plan dur les zoulis arbres kenyans !), mais en ce qui me
concerne, deux heures et demie n'ont absolument pas suffi à me lasser.
Ajoutez-y une musique sympa et des acteurs excellents, et même si le
déroulement de l'intrigue est un peu convenu, on passe un très agréable
moment. C'est un peu un dépliant touristique géant que nous fournit
Pollack, mais aussi bien mis en forme, ça ne se refuse pas vraiment.
Roupoil, 2 aout 2006.