Orange Mécanique,

film de Stanley Kubrick (1971)



Avis général : 9.5/10
:-) Le film culte par excellence. Réalisation excellente, utilisation géniale de la musique (comme toujours chez Kubrick), et un scénario intelligent.
:-( La dernière partie du film, après la libération d'Alex, me convainc moins que le reste.

S'il est bien un film dans toute l'histoire du cinéma qui mérite le qualificatif « culte », c'est certainement celui-ci. Il faut bien avouer que, de nos jours, on ne comprend pas entièrement pourquoi il a eu droit à d'aussi violentes interdiction alors qu'on a fait nettement pire depuis. Certes, il est novateur pour l'époque et très violent, mais rien de gratuit à mon avis chez Kubrick. Enfin bon, profitons du fait que le film ait retrouvé sa liberté pour le voir et le revoir.

Dans un Londres futuriste, Alex et sa bande passent leur soirées à boire du lait enrichir et à laisser libre cours à leurs pulsions : passage à tabac, viol, rien ne les arrête. Jusqu'au jour où Alex va trop loin et se retrouve en prison. Il ne tarde pas à faire l'objet d'un traitement révolutionnaire.

Bien sûr, tout le monde retient du film sa première demi-heure, car tout le choc pour le spectateur se produit au début. On a l'impression que Kubrick a laissé libre cours à tous ses fantasmes, c'est à la fois totalement violent, complaisant, et pourtant génial ! Si le but était de montrer au spectateur son côté obscur, alors en ce qui me concerne c'est réussi, je pourrais regarder 10 fois de suite ces premières et toujours être autant fasciné. Il faut dire que Kubrick maîtrise incroyablement ce qu'il fait. La société futuriste décrite, même on sent quelques kitscheries typiquement seventies, est très crédible, et par exemple l'utilisation d'un argot abscons ajoute beaucoup à l'atmosphère. Et puis la mise en scène, quel régal ! L'espèce de chorégraphie lors de la bagarre entre les deux gangs, les Christ dansant sur fond de Neuvième... L'utilisation de la musique, bien sûr, est absolument fabuleuse (mais qui mieux que Kubrick sait mettre le classique au service des images ?). Purcell électronisé et Rossini associé dans l'esprit de milliers de spectateur à une scène de cul se retournent peut-être dans leur tombe, mais moi, j'en redemande.

Après ce déchaînement, les deux derniers tiers du film paraissent forcément moins marquants au premier abord. Mais ne perdons pas de vue l'objectif du film. Le but n'est pas de faire une apologie de la violence, mais plutôt une critique de tout un tas de choses à la fois. La prison tout d'abord, caricaturale et pourtant si réaliste, puis le lavage de cerveau d'Alex. Le film devient beaucoup plus politique, mais reste passionnant jusqu'au bout. D'ailleurs, que faut-il retirer de la conclusion du film ? Rien de très réjouissant en tout cas, le pessimisme règne devant la bande de pourris que nous a décrits Kubrick. La fable est indiscutablement efficace, de tous les personnages du film, le seul pour lequel on pourrait encore éprouver de l'attachement reste Alex. Bref, on n'est pas loin de la nausée après la projection, même si la fin du film est à mon avis moins réussie que tout ce qui précède. La scène avec le ministre n'a pas la force que l'on pourrait en attendre, ce qui fait que tout tombe un peu à plat.

C'est dommage, mais ça ne donne qu'encore plus envie de se repasser le film depuis le début, pour profiter à nouveau de cette leçon de cinéma signée Maître Kubrick.

Roupoil, 3 novembre 2004.



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