Je vais devoir une fois de plus commencer par avouer mon
manque de culture flagrant : je n'ai jamais lu le bouquin de Dickens, et
je n'ai pas plus vu la vieille adaptation de Lean. C'est donc à la
découverte de cette histoire que je suis allé. Et quand l'histoire en
question nous est contée par Roman Polanski, ça ne peut pas être
foncièrement mauvais.
Le pauvre Oliver n'a pas de chance dans la vie. Déjà, il est orphelin, ce
qui n'est pas vraiment un bon départ dans la vie dans l'Angleterre du
siècle dernier (enfin, quand je dis siècle dernier, c'est le dix-neuvième,
je me comprends). Mais en plus, c'est lui qui tire la courte paille quand
il s'agit d'aller demander du rab à la cantine locale. Après deux ou trois
autres mésaventures du même acabit, il finit par s'enfuir pour Londres, où
il tombe dans les mains du vieux Fagin et de ses gamins pickpockets. Un
drôle d'univers où le danger est permanent, mais les miracles également
possibles...
Polanski a dit avoir fait ce film pour ses gamins, c'est tout à fait
crédible : on a un peu l'impression d'être à une séance de "Papy Roman
nous raconte une histoire". Ca commence d'ailleurs par un petit effet
visuel (pas franchement indispensable) qui semble nous dire "je suis là
pour vous illustrer le bon vieux roman de Dickens". Polanski nous a
épargné la voix off, mais pour le reste, tout y est : décors hyper
soignés, réalisation d'un classicisme presque audacieux de nos jours (mais
quelle maîtrise !), des acteurs pour la plupart inconnus mais qui ont la
tête de l'emploi, des personnages suffisament caricaturaux pour faire
sourire sans tomber dans l'outrance, et un scénario tout aussi classique
qui déroule assez tranquillement ses nombreuses péripéties.
Pour être tout à fait honnête, on a pendant un moment un peu peur que
Polanski ne se soit laisser prendre au piège de sa sage illusatration et
qu'il ne nous offre qu'un (très beau) livre d'images sans âme. Et puis le
temps faisant son oeuvre, et la narration finissant par s'attarder sur
quelques personnages, on s'y attache et on suit la dernière heure avec
grand intérêt, même si les rebondissements semblent parfois un peu forcés.
Les quelques accès de violence sont bien rendus (pas conseillé aux gamins
trop jeunes, d'ailleurs), et la fin est juste assez émouvante pour faire
son petit effet. Petite mention spéciale aussi pour la musique qui, sans
révolutionner le genre (même si le style glisse par moments vers du Philip
Glass, ce qui est plutôt intéressant), accompagne très bien l'action.
Vous l'aurez compris, ce film est un spectacle parfait à aller voir en
famille (ou pas) pour tuer deux heures sans trop se prendre la tête. Bien
sûr, ce n'est pas l'oeuvre la plus recherchée de la longue filmographie de
Polanski, mais dans son genre, on ne peut guère trouver de reproches à lui
faire.
Roupoil, 28 octobre 2005.