Bien que n'ayant pas apprécié outre mesure le premier
volet (qui valait certes le coup pour sa brochette d'acteurs mais qui
n'était quand même pas un grand moment de cinéma), je me suis laissé
convaincre d'aller voir cette suite, sans en attendre monts et merveilles.
Mais il ne faut jamais préjuger de rien, et ce second film est fort
différent du premier.
Pour justifier un nouvel épisode, il fallait d'abord un prétexte pour
réunir nos larrons après leur casse magistral du précédent volet. Il sera
fort simple : Benedict, le gros méchant, tuyauté par un mystérieux voleur,
a retrouvé la trace de tous nos amis et les somme de le rembourser,
intérêts compris, dans les quinze jours, sous peine de représailles. Nos
onze malfrats s'envolent pour l'Europe pour tenter un premier coup, mais
se font devancer. Le vilain qui est arrivé avant eux n'est autre que celui
qui les a balancés, et qui veut lancer un défi à Danny Ocean et sa bande.
Dit comme ça, le scénario semble raisonnablement dans le même esprit que
celui d'Ocean's Eleven. Il n'en est en fait rien. Là où le
premier épisode se voulait "sérieux", Soderbergh envoie valser pour le
deuxième tout souci de vraisemblance (les méthodes utilisées et encore
plus les hilarantes discussions de la bande pout savoir par quel moyen
precéder, à grands coups de noms de codes absurdes, sont passablement
grotesques). Les vols (ou tentatives...) ne sont même pas vraiment au
centre de l'inrtigue, c'est bel et bien une comédie moderne qui nous est
livrée ici.
Moderne, indiscutablement, car Soderbergh semble craindre plus que tout de
ne pas mettre assez de rythme dans sa réalisation ou de nous servir
quelque chose de classique ou déjà-vu qui le ferait passer pour un
has-been. Enfin bon, pourquoi pas, mais j'avoue que ce côté branchouille
avec musique envahissante ne me semble pas indispensable et surtout risque
de périmer très rapidement.
Mais ce n'est peut-être pas un gros problème dans la mesure où c'est le
film tout entier que je conseille de consommer très frais. À force de
pousser ses stars à s'auto-caricaturer (ce qu'elles font très bien
d'ailleurs, et énorme ouarf en particulier pour Julia Roberts) et
d'utiliser, plutôt que de vrais gags, des bonnes blagues de potaches, le
film donne un peu l'impression d'être un souvenir de vacances de stars
hollywoodiennes, le genre de truc sympa qu'on se projette entre potes en
soirée, sauf qu'ici nos stars ont des millions de potes et que leur film
de vacances coute des millions de dollars. À côté de ça, et une fois le
principe admis, on se marre plutôt pas mal. Les acteurs sont tous très
bons dans leur rôle, cabotinent à loisir, et certaines trouvailles sont
vraiment excellentes (Bruce Willis en guest star, par exemple, même si
c'est une habitude chez lui). Ah tiens, pendant que j'y pense, quand même,
qui a bien pu prétendre un jour que Julia Roberts était la plus belle
femme du monde ? Il y a quand même nettement mieux parmi, au hasard,
l'autre actrice principale du film (comme ça, on ne m'accusera pas de
mauvais goût, pour une fois).
Bref, un film sympa et pétillant, qui fait passer un bon moment, mais
quand même un peu je-m'en-foutiste sur les bords (non mais franchement,
Cassel faisant le guignol au milieu des lasers, vous trouvez pas ça un peu
gros ?). Soderbergh a sûrement assez de talent pour sauver n'importe quoi
du naufrage, on devrait d'autant plus pouvoir espérer plus abouti de sa
part la prochaine fois.
Roupoil, 27 décembre 2004.