Rien de bien passionnant au cinéma en ce moment (enfin,
comme d'habitude quoi, mais c'est une entrée en matière facile pour une
critique), c'est l'occasion de tenter quelque chose d'un peu inhabituel.
En l'occurence, direction la Norvège avec ce film fantastique d'un auteur
qu'on qualifiera euphémistiquement de peu connu chez nous (ce n'est pas
tout à fait son coup d'essai), mais qui a eu un certain succès notamment
lors de sa présentation au festival de Gérardmer.
Andréas arrive de façon assez curieuse (un bus le lâche en plein désert et
il est conduit par un type qui manifestement ne se trouvait là que pour
ça) dans une ville qui fait vaguement froid dans le dos. On lui donne un
appartement et un travail de comptable. Ses collègues sont tous très
cordiaux, mais ne semblent guère préocuppés d'autre chose que
d'aménagement intérieur. Pourtant, un soir de cuite (sans grand effet
d'ailleurs), un homme se plaint du manque de saveur des choses. Andréas le
suit jusque chez lui, d'où émerge une douce musique.
Film fantastique certes, mais pas du genre à en foutre plein la gueule.
Très peu de scènes réellement fantastiques, le principe est surtout
d'intriguer le spectateur. D'ailleurs, au début, ça marche fort bien.
Décors très soignés (bon, faut dire, les extérieurs islandais me
rappellent de bons souvenirs), acteur principal vaguement ahuri en
permanence, et très belle musique (ça, c'est vrai pour tout le film).
C'est lent, mais on est curieux de savoir ce qu'il va arriver à notre
héros.
Et puis Andréas s'installe dans cette drôle de ville, et le film suit son
quotidien en continuant à tenter d'intriguer. Tout est dans la critique
subtile d'une société aseptisée et le décalage de dialogues qui frisent
l'absurde. Je n'ai rien contre ce type d'humour à froid, mais encore
faut-il qu'il soit drôle. Ici, au bout de vingt minutes, on a compris le
principe du film, on se doute qu'il ne faudra pas s'attendre à de grosses
révélations finales mais que notre ami norvégien va se contenter de broder
lentement sur son sympathique canevas initial.
Scène par scène, pas grand chose à redire à ce qu'on voit à l'écran :
c'est toujours aussi soigné et surprenant. Mais simplement, ça ne tient
pas du tout une heure et demie, et on en vient rapidement à s'emmerder,
état qui ne va pas vraiment en s'améliorant. Alors les films conceptuels,
c'est bien beau, mais quand le concept est balayé en trente minutes (et
pourtant, le rythme est pas vraiment effréné), y a comme un souci.
Roupoil, 18 avril 2007.