Les fêtes de fin d'année sont une des périodes de la
saison où on est le plus tenté d'aller voir des films un peu légers, voire
carrément destinés aux moins de 10 ans, vu qu'il n'y a pas grand chose
d'autre qui sort sur les écrans à ce moment-là. Me voilà donc, pas
franchement cerné par les gamins d'ailleurs (VO oblige certainement, j'en
profite d'ailleurs pour insulter les cinémas qui sacrifient à la nouvelle
mode du "VF en journée, VO en soirée", je peux plus aller regarder mes
films l'après-midi, vous faites chier), devant cette adaptation d'un
classique de la littérature jeunesse, que je n'ai comme il se doit jamais
lu.
Pendant la seconde guerre mondiale, les quatre enfants d'une famille
anglaise sont envoyés faire un tour à la campagne, où il pleut un peu
moins de bombes qu'en ville. Dans la vaste demeure d'un vieux professeur,
ils vont toutefois découvrir l'aventure après avoir poussé la porte d'une
armoire un peu spéviale, qui les mène tout droit dans le monde féérique de
Narnia. Enfin, féérique, mais plutôt mal en point, car la grande vilaine
sorcière blanche a pris le pouvoir et terrorise tout le monde...
Le scénario, qui aligne joyeusement tout un paquet de poncifs de la
fantasy et des histoires d'initiation a caractére héroïque, peut sembler
un peu lourdingue à premier abord, mais passe finalement plutôt bien
(peut-être que je n'ai pas vu assez de Disney ou assimilés ces dernières
années). Même la scène de la mort du lion m'a parue trop longue, mais pas
insupportablement lacrymale (alors qu'elle cherche pourtant manifestement
à l'être). Il faut dire qu'Adamson met en scène ces aventures avec toute
la naïveté et l'enthousiasme du gamin qu'il a été. Pas l'ombre d'un clin
d'oeil ou d'un passage second degré, il reste fidèle à l'oeuvre
originelle, et se fait notamment plaisir avec les créatures fantastiques
qui peuplent le monde de Narnia. Là aussi, rien que du très classique,
animaux parlants et diverses bestioles tout droit issues de la mythologie
ou de l'imagerie populaire (faunes, centaures, nains, cyclopes et j'en
passe), mais les effets spéciaux (vivent les images de synthèse) très
soignés donnent réellement chair à tout ce petit monde, rendant la ballade
à Narnia rafraîchissante. On peut par contre faire légèrement la moue face
aux décors, qui ne sont pas ratés, mais moins grandioses que dans d'autres
superproductions récentes...
Pour le reste, assez peu de choses à signaler. Les jeunes acteurs sont
dans l'ensemble assez convaincants, même si Adamson semble leur avoir
prêté moins d'attention qu'aux bêbêtes qui les entourent, et si l'on ferme
les yeux sur les quelques leçons de morale qui émaillent le film, on se
laisse gentiment mener jusqu'à la conclusion ultra-prévisible du film.
Je n'irai pas prétendre que l'on tient là un grand film de cette fin
d'année, mais en comparaison avec quelques autres adaptations récentes, ce
premier épisode de Narnia ne s'en sort pas trop mal (mieux à mon sens que
le premier Harry Potter par exemple). Si vous avez des gamins à
accompagner au ciné dans les jours qui viennent, profitez-en ;-).
Roupoil, 27 décembre 2005.