My summer of love,

film de Pawel Pawlikowski (2004)



Avis général : 7/10
:-) Deux actrices très convaincantes. Une véritable poésie émane de certaines scènes.
:-( Le scénario s'éparpille vaguement par moments.

Pour continuer cette première journée de la Fête du Cinéma, et après films divertissants (et carrément grand public pour le premier), il était temps de s'aventurer sur des sentiers un peu moins rebattus, vers un film plus dramatico-romantique, plus intéressant quoi :-).

Mona vit dans un quelconque bled avec son frère. Elle n'a jamais connu son père, sa mère est morte, et son frère est un repris de justice reconverti qui montre maintenant la voie à des illuminés au sein d'une pseudo-secte. Elle croise un jour le chemin de Tamsin, en villégiature pour l'été au même endroit, et que tout semble séparer d'elle. Pourtant, le courant va très vite passer.

Le scénario consistant à filmer les rêveries plus ou moins amoureuses (ici, c'est clairement plus) de deux jeunes filles qui se construisent leur petit monde pour échapper à leurs soucis, on a déjà vu (mais si, vous savez, Créatures célestes, du temps où Peter Jackson dirigeait Kate Winslet, cinq and avant Titanic et dix avant Le seigneur des anneaux !). Mais Pawlikowski ne cherche pas la comparaison, il ajoute simplement sa modeste pierre à l'édifice, à sa manière bien personnelle.

Bien sûr, le film est assez marqué "film d'auteur". Caméra tremblotante, visages filmés de très près, plans sur la verdure de temps à d'autre, tout cela est-il bien nécessaire ? Je ne sais pas, mais ici, contrairement peut-être à d'autres films, c'est parfaitement maîtrisé et intégré dans l'oeuvre. Il faut dire que le jeune Pawlikowski n'a pas son pareil pour faire naître une atmosphère à partir de rien, bien aidé en cela par deux actrices étonnantes (on voit quand même au bout de trois quarts d'heures deux filles a priori inconciliables s'embrasser joyeusement, sans broncher un seul instant). Utilisation parcimonieuse mais efficace de la musique, un rythme parfaitement maîtrisé dans les scènes plus contemplatives, on peut peut-être juste lui reprocher d'avoir voulu inclure deux ou trois éléments qui apparemment lui tiennent à coeur dans cette relation, sans vraie raison (le violoncelle, et surtout Nietzsche !), mais je ne peux personnellement pas trop lui en vouloir, je fais pareil quand j'essaie d'écrire, ça a tout le charme d'une première oeuvre :-).

Comme le film n'est quand même pas parfait, il faut bien signaler les quelques errances du scénario : toutes les scènes faisant intervenir le frère de Mona et/ou ses acolytes sont beaucoup plus plates, et semblent n'être là que pour rythmer de force l'intrigue, qui en fait n'en avait absolument pas besoin... Peut-être le réalisateur n'a-t-il pas osé faire un film uniquement centré sur la relation entre ses deux héroïnes, alors que la complexité de cette relation le justifait largement (je ne vais pas tout vous dire, mais l'évolution entre le début et la fin est assez remarquable, et le film laisse joliment quelques questions en suspens sur la véritable personnalité de chacune des deux jeunes filles).

Un très beau coup d'essai malgré tout, auquel il manque peut-être encore un peu de maîtrise et de confiance en soi pour être un coup de maître. Mais à coup sûr un réalisateur à surveiller de très près pour les années à venir.

Roupoil, 26 juin 2005.



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