My fair lady,

film de George Cukor (1964)



Avis général : 8/10
:-) C'est drôle, léger, musicalement presque potable, et surtout d'un cynisme réjouissant.
:-( Un poil longuet, et un côté très théâtral qui ne plaira peut-être pas à tous.

Jusqu'à maintenant, les quelques tentatives que j'avais pu faire dans le domaine des classiques de la comédie musicale n'avaient pas été franchement de gros succès. Enfin, ceci dit, la dernière en date, Le Magicien d'Oz ne m'avait pas tant déplu que ça, simplement elle s'adressait manifestement à un public dont je ne fais plus partie depuis un moment. Nouvel essai aujourd'hui avec un autre classique, mais beaucoup plus récent, ce qui modifiera peut-être un peu la donne même si ça reste du Technicolor bien pétant comme on l'aime (ou pas).

Le film est tiré d'une comédie musicale qui elle-même s'inspire d'une pièce au thème millénaire : le créateur qui s'éprend de sa créature. Mais ici, la variations sur ledit thème est assez amusante : un éminent linguiste, le professeur Higgins, qui est accessoirement un infame connard misogyne et prétentieux, parie avec un ami qu'il est capable de transformer en six mois une pauvre fille vendant des fleurs dans la rue en vraie lady capable d'impressionner à un prestigieux bal. Ladite fille n'est pas tout à fait du genre à se laisser faire, et il y a déjà beaucoup à faire pour lui apprendre à prononcer les voyelles correctement.

Sur ce pitch au fond assez léger, le film brode pendant pas moins de 2H40. Il faut dire qu'il reprend quasiment tel quel le concept de la comédie musicale de Broadway, avec bien sûr les numéros chantés, mais aussi des scènes dialoguées, et même des décors, une mise en scène et des couleurs qui fleurent bon le théâtre. Un choix manifestement très assumé, puisque Cukor en rajoute en faisant de temps à autre une introduction de scène très artificielle, comme par exemple lors des courses à Ascot. C'est finalement plutôt original et l'élégance de la mise en scène (le souci du détail est impressionnant, au niveau de la position des personnages dans le cadre notamment) contribue à cette impression de grand spectacle fascinant. Même la musique, sans atteindre des sommets, est constituée de mélodies agréables, de fait à la mode des grandes comédies musicales de Broadway.

Mais ce qui fait surtout l'immense charme de ce film, ce sont les dialogues pétillants et la vision pleine d'ironie de la confrontation entre deux mondes, celui de la rue et celui de l'aristocratie figée dans ses préceptes. Chacun verra sûrement midi à sa porte, mais tout le monde trouvera sûrement matière à rigoler, notamment quand Higgins, formidablement interprété par Rex Harrison, lâche une de ses ahurissantes piques sur les femmes ou sur les pauvres. Loin de se limiter à une romance cucul, le film brasse donc assez large. On regrettera tout de même que la deuxième moitié traine un tout petit peu en longueur (les disputes entre Eliza et Higgins finissant par se ressembler) et se concentre justement sur le rapprochement des deux personnages. Abréger la partie qui suit le fameux bal aurait peut-être allégé un peu le film.

Mais ceci dit, loin de moi l'idée de prétendre que je me suis ennuyé devant ce film pétillant de bonne humeur et de malice de bout en bout, bénéficiant d'un savoir-faire inimitable et, répétons-le encore, qui, contrairement justement à un film comme Le Magicien d'Oz, est suffisamment riche pour contenter tous les spectateurs.

Roupoil, 11 janvier 2009.



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