Mulholland Drive,

film de David Lynch (2001)



Avis général : 10/10
Pourcentage gozu : 20%
:-) C'est beau, prenant, intrigant, fascinant, troublant... Même si on ne comprend rien, presque chaque scène est un grand moment de cinéma.
:-( Le scénario pour le moins nébuleux :-). Ce n'est pas un défaut pour moi, mais je comprends qu'on puisse trouver ça rédhibitoire.

Je suis face à un grand problème au moment de commencer cette critique. Tout simplement, je ne vois pas vraiment de moyen objectif de convaincre le lecteur suspicieux que Mulholland Drive est l'un des plus grands chefs-d'oeuvre que le cinéma nous ait jamais fournis, je n'ai finalement qu'un conseil à donner, c'est de foncer le voir, et vous verrez bien ce que vous en pensez. Le lecteur suspicieux en question pourrait fort bien ne pas être convaincu, mais je doute en tout cas que ce film le laisse indifférent.

Tenter de résumer le scénario d'un film de David Lynch tient souvent de la gageure, et celui-ci est un exemple particulièrement extrême d'intrigue hautement non-linéaire. En gros, dans la première partie du film, on voit une jeune actrice débarquer à Los Angeles, trouver une amnésique dans son appartement et essayer de reconstruire son passé, tout en se cherchant un boulot (donc un rôle). Sauf qu'au milieu de cette histoire (déjà passablement truffée de détails étranges), Lynch vient insérer des scènes et des personnages tous plus bizarres les uns que les autres, et qui pour certains n'ont apparement rien à voir avec le schmilblick. Sans compter qu'il nous retourne à nouveau tout ça dans la deuxième moitié du film...

Qu'y a-t-il à comprendre dans tout cela ? Y a-t-il vraiment, en fait, quelque chose à comprendre ? Et même, en admettant qu'il y ait quelque chose à comprendre, est-ce vraiment nécessaire voire souhaitable de le découvrir à tout prix ? la nature humaine étant ce qu'elle est, chacun y va de sa petite explication, pompant celle du voisin ou la remettant violemment en cause sans véritable argument dans un sens ou dans l'autre (pour les curieux, voici mon interprétation personnelle). Admettons que cela fasse partie du plaisir inhérent à ce genre de films (et je peux difficilement critiquer puisque je me suis moi-même piqué au jeu), mais l'oeuvre de Lynch est suffisament bluffante pour qu'on puisse se contenter des images, sans en chercher le sens (on peut aussi trouver ça insupportable, auquel cas il est fortement conseillé de s'enfuir en courant).

Car ce qui est extraordinaire dans ce film, c'est qu'il est en permanence génial. Chaque scène, prise séparément, est inoubliable. D'ailleurs, il m'arrive fréquemment de prendre mon DVD et de commencer à un moment aléatoire dans le film, et de simplement regarder deux ou trois scènes pour le plaisir (le plus dur étant alors de ne pas continuer jusqu'au bout !). Alternant à peu près tous les sentiments possibles (de la scène contemplative au pur gag, en passant par un moment d'angoisse ou une scène lesbienne pour les voyeurs ;-) ), une sorte de résumé de tout ce que peut nous offrir le cinéma en un seul film. Et c'est à chaque fois brillament réussi. Et, beaucoup plus dur, le film ne s'éparpille pas du tout, il reste fascinant dans sa globalité, bien que semblant partir dans toutes les directions...

Avec ce film, Lynch est en quelque sorte revenu à une épure de cinéma : les sons, les images, les acteurs (et surtout les actrices !), le mystère permanent, font que des bribes de scénario suffisent amplement à en faire une expérience inoubliable. Et j'emerde préventivement tous ceux qui ont trouvé que ça n'avait in queue ni tête et qu'il fallait être un intello snobinard pour prétendre avoir apprécié ;-).

Roupoil, 27 avril 2005.



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