Voila un film qui fait partie de mes classiques et que
j'ai vu un paquet de fois, mais qui a curieusement échappé jusque-là à
l'examen de ma critique. Il était grand temps de s'attaquer à ce curieux
concept de comédie musicale faussement historique et bien délirante.
J'avoue que, quand je suis allé le voir pour la première fois au cinéma,
ne connaissant pas le sieur Luhrmann et me fiant à l'affiche, je
m'attendais "bêtement" à une reconsitution classique. Le choc fut brutal
mais à la sortie, je criais au chef-d'oeuvre. J'ai un peu tempéré mon
jugement depuis :-).
De loin, le film semble se tenir à ce qu'il promet. Un jeune auteur
dramatique fâché avec ses riches parents vient s'installer à Montmartre
pour expérimenter la vie de Bohème. Il est rapidement recruté pour écrire
une comédie musicale au Moulin-Rouge, où officie la sublime Satine. Seul
détail technique, il faut amadouer un duc un peu grotesque mais qui a des
vues sur Satine. Sans compter que la santé de la belle est fragile...
Tout cela sent un peu le réchauffé, la trame de la Dame aux
camélias n'est pas loin. Et d'ailleurs les scénaristes se sont
apparemment crus obligés de faire une fin conforme au genre. C'est presque
dommage car l'intérêt du film n'est pas du tout là. C'est que les auteurs
se sont sacrément lâchés dans la reconstitution et l'illustration de
l'intrigue. Les décors sont grandioses de carton-pâte assumé, ça bouge et
ça froufroute dans tous les sens, à tel point que pendant les premières
minutes on est un peu pris de vertige et on se demande dans quel asile de
fous on a bien pu débarquer.
On le comprend en fait assez vite : ce n'est pas à un film historique
qu'on va assister, mais à une comédie musicale déjantée. Le parti-pris est
simple, insérer le plus possible de tubes pops récents dans la bande-son
et d'humour foireux dans le scénario. Sacrément casse-gueule quand on y
pense, mais la plupart du temps, la sauce prend incroyablement bien, et
offre même des moments de délire absolument hilarants (tout la scène de
l'éléphant, la reprise de Like a virgin, entre autres). C'est
n'importe quoi, mais ça respire tellement la liberté qu'on se laisse
emporter.
Le bémol, mais il est tout de même trop gros pour ne pas modérer
significativement mon enthousiasme, c'est que le film est vraiment trop
long. Dans la dernière demi-heure, il s'emmêle dans les rebondissements de
son histoire de coeur et penche de façon dangereuse vers le tire-larmes,
qui comme chacun sait se mélange assez mal avec le grotesque. Son couple
de stars le sauve alors du hors-piste, et puis bon, pour le reste, le film
mérite de toute façon d'être vu et revu.
Roupoil, 27 octobre 2006.