Morse,

film de Tomas Alfredson (2008)



Avis général : 4/10
:-) Une variation intéressante sur le thème ultra banal des vampires. Un drôle de couple de gamins.
:-( Le scénario est décousu, le côté fantastique mal foutu, et puis bon, il ne se passe pas grand chose.

Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, ce début d'année 2009 sonne le grand retour des vampires au cinéma. Enfin, le dix ou vingtième grand retour, car nos amis hématovores (ça, c'est du mot technique qui impressionne, hein ?) ont toujours fait partie des monstres préférés du septième art. Après une enième version hollywoodienne que j'ai préféré laisser aux midinettes à qui elle était manifestement destinée (je parle de Twilight), voici donc quelque chose de radicalement différent : un film d'horreur d'auteur suédois, primé à Gerardmer. Ca me rappelle vaguement Norway of life, que j'avais tenté et peu apprécié il y a deux ans, mais avec une pointe de masochisme, je retente l'expérience.

Dans une banlieue très froide et très blanche de Stockholm (il neige tout le temps dans ce coin), Oskar vit l'existence assez peu réjouissante de jeune ado timide et mal dans sa peau : parents séparés, brimades de la part de ses camarades auxquelles il n'ose pas répliquer, et une curiosité presque malsaine pour les affaires sordides qui parsèment les pages faits divers des journaux locaux. Un jour débarquent dans l'appartement voisin un vieux monsieur et une jeune fille de son âge. Elle s'appelle Eli, ne va pas à l'école, et est un peu bizarre. Ils se sentent rapidement attirés l'un par l'autre.

Bien sûr, vous l'aurez compris, la jeune fille est un vampire, ce qui perturbe un peu l'histoire d'amour naissante entre nos deux protagonistes. Le concept de renouveler un thème rebattu du cinéma fantastique en le plaçant au coeur d'un autre thème classique, mais plutôt du cinéma d'auteur (les émois des débuts de l'adolescence) était plutôt prometteur. De fait, sur le papier, le mélange entre film de genre et film contemplatif est séduisant, et le parti pris de réalisme poétique attire la curiosité.

Mais (quoi, vous aviez deviné depuis plusieurs lignes qu'un gros mais allait venir ?) le problème, c'est qu'en pratique, malgré ses belles intentions, le film ne m'a convaincu d'aucun côté. Le côté fantastique est franchement raté, en partie faute de moyens (les effets spéciaux sont très bofs au vu des standards actuels, et la scène avec les chats par exemple frise le comique, mais aussi faute de se décider à mettre en place un scénario qui tienne un peu la route. Ok, on a compris, la crédibilité et un point totalement mineur dans ce film, mais ce n'est même pas ça le problème, c'est surtout que ça part un peu dans tous les sens, en étant parfois simplement cliché (les brimades à l'école), parfois carrément inintéressant (le groupe de personnages secondaires constitué par les adultes du village), et la plupart du temps tout simplement ennuyeux.

Le côté poétique est un nettement mieux géré, mais pas transcendant pour autant. Le réalisateur a la chance de pouvoir s'appuyer sur le magnétisme naturel de son interprète (je parle de la gamine, le garçon étant essentiellement inexistant) pour distiller un peu de charme au milieu de tant de froideur. Mais quel dommage de s'être attardé sur des dialogues très banals et d'avoir coupé à la hache dans toutes les ambiguïtés sexuelles du bouquin (que je n'ai pas lu, mais je me suis renseigné ensuite ; je vous conseille de le faire aussi, car le film est plus qu'elliptique sur certains points). Il y avait de quoi faire un superbe film à l'ambiance malsaine, là on a juste une bluette colorée de quelques gouttes de sang. Dommage, car franchement, j'aurais bien aimé défendre plus ce film, et y voir (comme beaucoup d'autres) un vrai film achevé plutôt qu'essentiellement un gâchis de bonnes idées.

Roupoil, 20 février 2009.



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