Un Miyazaki qu'on a jamais vu, c'est toujours une bonne
soirée en perspective. Comme en plus ça se fait de plus en plus rare (il
ne doit plus me rester que Porco Rosso à rattraper), il faut en
profiter. Un avantage pour cette fois-ci c'est que le film ne devrait pas
être trop dur à suivre...
Deux petites filles emménagent à la campagne avec leur papa (leur maman,
malade, séjourne à l'hôpital). La campagne, c'est génial, il y a de
l'herbe, des arbres, et des drôles de bêbêtes dans la maison. Et puis
surtout, comme nos charmantes (ou pas) gamines ne vont pas tarder à le
découvrir, il y a cette drôle de grosse bestiole qu'est Totoro.
Mine de rien, avec ces quatre lignes, je vous ai résumé à peu près tout le
film... Ben oui, c'est vraiment du Miyazaki léger, résolument tourné vers
le monde de l'enfance et expurgé du foisonnement habituel des dessins
animés du maitre japonais (celui-ci venant tout de même après un
Laputa beaucoup plus chargé, et étant suivi par des oeuvres
carrément orientées vers un public adulte). Mais léger ne signifie pas
pour autant niais ou creux. Miyazaki s'est mis à hauteur de gamine, mais
avec quel talent ! Avec leurs réactions outrées, bruyantes, mais toujours
étonamment réalistes, les deux petites filles du film sont extrêmement
attachantes.
Quand au scénario lui-même, si on ne peut pas dire qu'il se déroule sur un
rythme trépidant (le film est court, mais on dénote tout de même une ou
deux longueurs), il est juste assez rempli pour qu'on passe le temps
agréablement. Et surtout, comme toujours avec Miyazaki, l'immense plus est
apporté par quelques trouvailles et personnages poétiques et géniaux. Le
Totoro du titre, bien qu'au fond assez peu présent, est un enchantement à
lui tout seul (vous ne vous lécherez plus jamais les babines de la même
façon).
Alors bien sûr les grincheux n'y verront qu'un film mineur de son auteur
(notons au passage que côté technique c'est pas toujours fabuleux,
quelques plans sur les arbres de nuit sont même assez moches), mais
bienheureux celui qui peut se permettre de faire passer un tel moment de
bonheur avec un film mineur. Hein, quoi, où ça un sourire niais ?
Roupoil, 27 février 2008.