Comme vous commencez peut-être à me connaître, vous devez
savoir que, de temps à autre, il me prend une envie d'aller passer mon
après-midi au ciné et de m'enchaîner de deux à quatre films d'un coup. Ce
fut le cas vendredi dernier, et j'étais plus précisément en mode "film
d'auteur", ce qui tombait bien puisque quelques films remarqués par la
critique venaient de sortir.
Pour commencer, le premier film de Miranda July et soi-disant dernier
joyau de cinéma décalé et subtil, multiplement primé à Cannes. De fait, le
film ne marche pas sur les plate-bandes de qui que ce soit, et propose une
vision assez unique de la banlieue américaine. On y croise une artiste en
quête d'âme soeur (jouée par la réalisatrice elle-même), un vendeur de
chaussures un peu fêlé (sur qui l'artiste précédemment citée jette son
dévolu) et fraîchement séparé, deux adolescentes délurées, et un ou deux
troisième âge pour compléter le tableau.
Il n'arrive finalement pas grand chose à tout ce beau monde, qui se
contente de vivre sa vie de façon peut-être un peu moins ordinaire que le
spectateur moyen. On vous l'a dit, tout est dans la subtilité et dans
l'acuité du regard. Bon, je ne vois pas d'inconvénient à ce programme, et
la galerie de personnages est plutôt alléchante (et les acteurs tous
impeccablement choisis), et pourtant, je bloque. Complètement. J'ai passé
une heure et demie à essentiellement m'ennuyer devant ce film : les scènes
s'enchaînent sans qu'on sache très bien où cela va nous mener (l'évolution
de la relation entre Christine et Richard est franchement
invraisemblable), mais surtout on alterne entre un désintérêt profond (les
zouaveries des fils de Richard sur le web sont censées être drôles ? Ah
bon...) et une incrédulité totale (les deux jeunes filles s'exerçant à la
fellation, c'est censé être de la provocation ? Si oui, c'est gratuit et
raté. Sinon, je ne vois pas bien ce que ça fait ici.). Le tout enrobé
d'une réalisation neutre et noyé dans une musique insipide, il n'y a
malheureusement pas grand chose à retenir de cet essai peu inspiré.
Je n'ai pas beaucoup de réussite avec les petits films américains décalés
ces temps-ci, je ne sais pas si c'est moi qui vieillis ou si c'est la
cririque qui s'emballe sans raison, mais je ne comprends pas bien cette
avalanche de récompenses pour ce qui n'est à mes yeux qu'un bric-à-brac
mal foutu d'idées plus ou moins bonnes. Il y avait peut-être de quoi faire
un bon film avec tout ça, mais ce n'est pas celui-ci.
Roupoil, 2 octobre 2005.