Mission Impossible 3,

film de Jeffrey J. Abrams (2006)



Avis général : 3.5/10
:-) Trois notes reprises de Lalo Schifrin, quelques gadgets rigolos. Hum, c'est tout...
:-( Scènes d'actions incompréhensibles, ttrous béants dans le scénario, acteurs mous.

Sans être un grand fan de la franchise Mission Impossible, je dois dire que j'avais été plutôt agréablement surpris par le premier volet cinéma, signé De Palma. Un film d'action bien foutu et qui ne prend pas le spectateur pour un débile profond (évidemment, ça n'a pas plu à tout le monde). Du coup, j'avais été voir le second qui, malgré tout le respect dont est entouré John Woo chez beaucoup de gens, était mauvais. Mais, je ne sais pas pourquoi, je sentais bien le troisième. Je ne m'attendais pas à un chef-d'oeuvre, mais à un film sympa. Echec total.

J'ai appris après coup qu'un des arguments promotionnels du film était "vous allez voir Ethan Hunt dans sa cuisine" (à peu de choses près). De fait, tout débute par les fiancailles de l'agent secret avec une jeune femme ma foi fort plaisante. Une occasion d'étaler l'absence d'inspiration de la réalisation (même dans ses séries télé, Abrams n'oserait pas caser une séquence aussi creuse) et les dents blanches de Tom Cruise, toujours aussi charismatique qu'un poulpe farci au chloroforme. Heureusement (se dit-on), et bien qu'officiellement retiré du service, Hunt part faire un tour à Berlin sauver une recrue qu'il a formée. Apparaissent alors au grend jour les deux vrais gros défauts du film : tout d'abord une fâcheuse tendance filmer les scènes d'action à la Michael Bay (tout pète, mais le montage est tellment rapide qu'on comprend rien) et surtout une capacité à planter sans broncher dans le scénario des incohérences et des invraisemblances qui laisse perplexe sur la vision du spectateur qu'ont les scénaristes hollywoodiens. Tom Cruise monte au sixième étage du bâtiment sans croiser personne mais est ensuite contraint de tout faire péter pour en sortir. Il y a nettement pire ensuite, notamment la scène où le même Cruise fait des calculs sur une vitre pour vérifier qu'il va pouvoir se balancer entre deux images (ça a au moins le mérite d'être drôle), puis mène à bien un vol délirant organisé en 18 minutes (si, si, c'est précisé, on se demande d'ailleurs l'intérêt de la remarque si ce n'est prendre le spectateur pour un con).

Bref, je parle beaucoup, revenons-en à l'essentiel : après le décès de la jeune feme qu'il tentait de sauver, Hunt est lancé à la poursuite du gros méchant Owen Davian, qui dispose d'appuis au sein même du MIF, l'employeur de Hunt, et kidnappe sa femme par-dessus le marché. Pourquoi pas ce scénario, s'il n'était plombé par un retournement de situation grotesque (mais expliqué pendant quelques longues minutes) ? Pourquoi pas Philip Seymour Hoffman en méchant, si le rôle avait un minimum d'épaisseur ? Pourquoi pas une scène au Vatican, si on comprenait quelque chose à l'opération menée par Hunt et ses acolytes ?

Hélas, toutes les bonnes idées sont noyées dans les erreurs désespérantes de la réalisation (un peu comme le thème mythique de Schifrin est embourbé dans une orchestration qui réussit presque à lui faire perdre sa saveur). Ne reste que le (maigre) plaisir de voir nos agents hyper sportifs sortir leurs gadgets sophistiqués pour mener à bien leurs opérations. Pour les petits jeunes qui pensent tenir là un bon film d'action, je ne peux que vous conseiller de comparer la scène de résurrection de Tom Cruise à la fin de ce film à celle de réanimation de Mary Elizabeth Mastrantonio dans l'Abyss de James Cameron : le rapprochement fait très mal...

Roupoil, 10 mai 2005.



Retour à ma page cinema