Sans être un grand fan de la franchise Mission Impossible, je dois dire
que j'avais été plutôt agréablement surpris par le premier volet cinéma,
signé De Palma. Un film d'action bien foutu et qui ne prend pas le
spectateur pour un débile profond (évidemment, ça n'a pas plu à tout le
monde). Du coup, j'avais été voir le second qui, malgré tout le respect
dont est entouré John Woo chez beaucoup de gens, était mauvais. Mais, je
ne sais pas pourquoi, je sentais bien le troisième. Je ne m'attendais pas
à un chef-d'oeuvre, mais à un film sympa. Echec total.
J'ai appris après coup qu'un des arguments promotionnels du film était
"vous allez voir Ethan Hunt dans sa cuisine" (à peu de choses près). De
fait, tout débute par les fiancailles de l'agent secret avec une jeune
femme ma foi fort plaisante. Une occasion d'étaler l'absence d'inspiration
de la réalisation (même dans ses séries télé, Abrams n'oserait pas caser
une séquence aussi creuse) et les dents blanches de Tom Cruise, toujours
aussi charismatique qu'un poulpe farci au chloroforme. Heureusement (se
dit-on), et bien qu'officiellement retiré du service, Hunt part faire un
tour à Berlin sauver une recrue qu'il a formée. Apparaissent alors au
grend jour les deux vrais gros défauts du film : tout d'abord une fâcheuse
tendance filmer les scènes d'action à la Michael Bay (tout pète, mais le
montage est tellment rapide qu'on comprend rien) et surtout une capacité à
planter sans broncher dans le scénario des incohérences et des
invraisemblances qui laisse perplexe sur la vision du spectateur qu'ont
les scénaristes hollywoodiens. Tom Cruise monte au sixième étage du
bâtiment sans croiser personne mais est ensuite contraint de tout faire
péter pour en sortir. Il y a nettement pire ensuite, notamment la scène où
le même Cruise fait des calculs sur une vitre pour vérifier qu'il va
pouvoir se balancer entre deux images (ça a au moins le mérite d'être
drôle), puis mène à bien un vol délirant organisé en 18 minutes (si, si,
c'est précisé, on se demande d'ailleurs l'intérêt de la remarque si ce
n'est prendre le spectateur pour un con).
Bref, je parle beaucoup, revenons-en à l'essentiel : après le décès de la
jeune feme qu'il tentait de sauver, Hunt est lancé à la poursuite du gros
méchant Owen Davian, qui dispose d'appuis au sein même du MIF, l'employeur
de Hunt, et kidnappe sa femme par-dessus le marché. Pourquoi pas ce
scénario, s'il n'était plombé par un retournement de situation grotesque
(mais expliqué pendant quelques longues minutes) ? Pourquoi pas Philip
Seymour Hoffman en méchant, si le rôle avait un minimum d'épaisseur ?
Pourquoi pas une scène au Vatican, si on comprenait quelque chose à
l'opération menée par Hunt et ses acolytes ?
Hélas, toutes les bonnes idées sont noyées dans les erreurs désespérantes
de la réalisation (un peu comme le thème mythique de Schifrin est embourbé
dans une orchestration qui réussit presque à lui faire perdre sa saveur).
Ne reste que le (maigre) plaisir de voir nos agents hyper sportifs sortir
leurs gadgets sophistiqués pour mener à bien leurs opérations. Pour les
petits jeunes qui pensent tenir là un bon film d'action, je ne peux que
vous conseiller de comparer la scène de résurrection de Tom Cruise à la
fin de ce film à celle de réanimation de Mary Elizabeth Mastrantonio dans
l'Abyss de James Cameron : le rapprochement fait très mal...
Roupoil, 10 mai 2005.