Parfois, la grand-messe des oscars hollywoodiens donne
de curieux résultats. Ainsi, en 1989, c'est un petit film gentillet,
réalisé par un illustre inconnu depuis retombé dans l'oubli (bon, je
constate qu'il a été sélectionné quelques fois à Cannes, tout de même :-)
), et certainement pas prédestiné aux feux de la rampe, qui empocha la
statuette suprême. La curiosité est insoutenable : que vaut donc ce film ?
Le film raconte, à la surprise générale, l'histoire de Miss Daisy, vieille
dame juive un poil pincée, et de son chauffeur, dont la principale
caractéristique est d'être noir. Pour situer le contexte, Atlanta dans les
années 50 et suivantes (ça se déroule sur 25 ans). Au début, ça ne se
passe pas très bien, le chauffeur ayant été imposé à Miss Daisy par son
fils quand il est devenu manifeste que conduire était plus dangereux
qu'utile pour elle. Mais comme on n'est pas naïfs, on se doute bien que ça
va évoluer.
Il ne se passe au fond pas grand chose dans ce film, qui se contente
d'accumuler anecdotes et petites tranches de vie avec pour toile de fond
inévitable la condition des noirs aux Etats-Unis à cette période. Mais il
ne va jamais explorer en profondeur ce thème, malgré un bout de discours
de Martin Luther King casé un peu artificiellement. C'est un peu dommage,
mais au fond cohérent avec la modestie du film.
Modeste sur le fond, mais assez impeccable sur la forme. Les acteurs sont
très convaincants (Morgan Freeman se fait remarquer, mais ici, je trouve
que ça colle pas mal au rôle), la reconstitution soignée, la réalisation
également (peut-être même un peu trop, on ne peut pas dire que ça fasse
preuve de beaucoup d'initiative), et la mélodie de Zimmer traine en tête
un bon bout de temps.
Tout ça est charmant, et l'heure et demie que dure le film passe très vite
et fort agréablment. M'enfin bon, quand même on ne peut pas dire qu'on
ressorte bouleversé, et il est assez probable que le temps vienne assez
rapidement ranger ce film au rang des bons petits crus sans prétention.
Roupoil, 9 juin 2006.