Il est évidemment inutile de présenter Woody Allen, l'un des
cinéastes les plus présents dans mes critiques de films, et pour cause
puisqu'il est particulièrement prolifique et apprécié en France. Son dernier
film avait donc une raison supplémentaire de faire le buzz (non, non, je ne
parle pas de la présence complètement anecdotique de miss Bruni au casting) :
il a été tourné à Paris, comme vous ne l'auriez sûrement pas deviné au vu du
titre. Après des escapades plus ou moins réussies à Londres et Barcelone,
j'étais assez curieux de voir ce que Woody ferait de notre capitale.
Après une série de clichés (à tous les sens du terme...) touristiques, il y
propulse un couple de tourtereaux américains qui sont à quelques mois de leur
mériage. Lui est scénariste (mais aimerait bien passer romancier), romantique
jusqu'au bout des ongles et donc fasciné par Paris (et la pluie, c'est un type
bien). Elle est totalement matérialiste, fascinée par un de leurs amis qui est
pédant à baffer, a des parents atrocement réacs, bref c'est vraiment une petite
conne à qui on a envie de botter les fesses en permanence. Le gars doit
d'ailleurs s'en rendre compte car il s'isole un peu, jusqu'au soir où il se
trouve transporté de façon inattendue dans le Paris des années 20, en compagnie
d'Ernest Hemingway puis de quantité d'autres artistes.
Vous l'avez compris, Woody nous a ressorti un concept qu'il maitrise en général
assez bien, la comédie pseudo-fantastique (poétiquement irréaliste serait
peut-être plus adapté). Occasion pour lui de nous sortir toute une galerie de
portraits de grandes figures historiques assez sympathiques. Heureusement
qu'ils sont là d'ailleurs, car il faut bien dire que le premier quart d'heure,
avec ses américains affreusement caricaturaux et franchements désagrables, ne
convaint pas le moins du monde.
Le reste, à défaut de mieux, est tout ce qu'il y a de plus léger et agréable,
avec une morale franchement facile et prévisible depuis le début, et des petits
morceaux de dialogues piquants et autres situations vaguement absurdes dont
Woody a le secret. Tout à fait regardable, mais à la sortie du film, on se dit
quand même que notre binoclard préféré ne s'est pas trop foulé. On ne peut
pas dire qu'on passe notre temps à rire aux éclats, et surtout ça tourne assez
sévèrement en rond, comme si Woody s'était contenté d'avoir une idée de scénario
sympa (et, je me répète, elle l'est en effet), et de l'étirer jusqu'à remplir
un long-métrage, sans vraiment chercher à la creuser plus que ça.
Il faut donc croire que la critique dithyrambique s'est laissée charmer par
les décors parisiens, qui n'ont pourtant rien de très recherché non plus. Une
oeuvre définitivement mineure au sein de l'opulente production de son auteur,
et qui, on l'espère, sera vite éclipsée par des réussites plus franches.
Roupoil, 20 juin 2011.