Première dans l'histoire de mes critiques aujourd'hui,
puisque je critique une deuxième adaptation d'une oeuvre littéraire dont
j'ai déjà critiqué la première (vous suivez ?). Alors, inutile, cette
adaptation américaine qui déboule quelques années à peine après la suédoise ?
En fait, peut-être faut-il se poser d'abord la question : le film de Fincher
est-il vraiment un remake ? Après tout, les Trois mousquetaires voient
une nouvelle adaptation sortir tout les deux ans ou presque, et ça ne dérange
personne. La trilogie de Larsson est largement assez touffue pour justifier
quelques éclairages sans nécessairement faire dans la redite. Evidemment, ce
qui est rigolo, c'est que dans la critique du Millunium suédois, je
disais que ça aurait été vachement mieux réalisé par un Fincher. Ah ah, ben
y a qu'à demander, maintenant voyons si ce sera à la hauteur.
Je ne vais pas refaire un résumé du scénario, signalons simplement qu'en trois
ans j'ai eu le temps de lire le premier volet de la trilogie (mais pas les
autres, ça ne m'a pas plus emballé que ça). Je ne souviens pas hyper
précisément des orientations prises par le film suédois, mais niveau
américain, c'est très clair, ça se concentre sur les relations entre les
deux héros Blomkvist et Salander. Quelque part, on a l'impression qu'à
l'instar du Zodiac du même David Fincher, l'enquête ne sert que de
toile de fond à l'analyse des agissements des héros, et que son déroulement
n'intéresse que moyennement le réalisateur. Ainsi, une partie des suspects
sont à peine présentés, c'est une petite scène chacun histoire de dire que
tout le monde est présent. La conclusion est modifiée par rapport au bouquin,
peut-être pour faire râler les puristes, mais c'est assez accessoire.
Alors, simplification réductrice ou recentrage bienvenu ? Chacun son avis,
le risque sur un film de plus de deux heures et demie, c'est d'avoir du mal
à tenir le rythme. Mais on ne la fait pas à Fincher, qui a une expérience
certaine dans le domaine, et qui s'en sort très bien pour dynamiser les
phases les moins actives, et faire monter la tension quand il le faut. Il
n'y a, une fois de plus, qu'en fin de film que ça perd sérieusement en
intensité, le parcours de Lisbeth après la résolution du mystère semblant
décidément délicat à retranscrire.
Mais bon, globalement, on ne peut pas dire que ça traine, la réalisation est
vraiment bonne, les acteurs aussi, rien à redire. Ou plutôt si, quand même.
Alors que Fincher nous en fout plein la gueule avec un générique très léché
sur fond de Led Zep génétiquement moodifié, la suite du film reste finalement
assez sobre. On aurait aimé que ça tape un peu plus fort, la violence est
curieusement assez peu présente, comme si le film avait cherché à ratisser
large au niveau de l'audience, lissant un peu les aspérités de l'histoire.
Un peu dommage, car de grand classique potentiel, on retombe à mon avis
dans la catégorie bonne adaptation, sans plus. Mais quitte à choisir entre
les deux, cette version restera plus maîtrisée que l'autre.
Roupoil, 1er mars 2012.