Après avoir vu et plutôt apprécié le premier épisode de
l'adaptation ciné du best-seller de Stieg Larsson (mais toujours pas
commencé à lire les bouquins), il était assez naturel pour moi d'aller
voir au cinéma les deux autres films. Deux autres d'un seul coup ? Pas
tout à fait, mais ils sont tout de même sortis quasi simultanément chez
nous, suite au choix fait par nos amis suédois de les produire ensemble
pour la télé. Du coup, changement de réalisateur, la main passant à
Daniel Alfredson qui, attention, n'est absolument pas la même personne
que Tomas Alfredson, réalisateur remarqué pour son récent Morse
que je n'avais en ce qui me concerne guère apprécié. Un point commun
entre nos deux Alfredson : leurs oeuvres vont passer à la moulinette du
remake hollywoodien (les ricains n'ayant plus assez le leurs propres
navets des années 70/80 à recycler, ils en sont maintenant réduits à
pomper des comédies françaises et des polars suédois ; ça fera toujours
ça d'économisé en places de cinéma). Assez ironiquement d'ailleurs, je
me plaignais dans ma critique du premier Millenium qu'on lorgne
du côté de Seven sans en approcher l'intensité, eh bien c'est
David Fincher lui-même qui en charge du remake...
En attendant, nous retrouvons la hackeuse tatouée Lisbeth Salander aux
prises avec son trouble passé, et le fabuleux journaliste Mickael
Blomqvist accueillant dans son journal un nouveau venu enquêtant sur des
traffics de filles de l'Est. Leurs deux destins se rejoignent à nouveau
quand un violent triple meurtre est commis (dont le nouveau venu cité
juste au-dessus), et que la coupable désignée se trouve être Lisbeth.
Chacun de leur côté, ils cherchent à en savoir plus.
Et on est repartis pour une intrigue mêlant l'intime et le sordide avec
toujours une certaine efficacité dans la mise en place des pièces du
puzzle. On notera toutefois une certaine tendance à la facilité de la
part de Larsson pour cette deuxième aventure : pas de grand mystère à
résoudre, des ficelles un peu faciles, et une tendance à dépasser les
frontières de la crédibilité par moments (le final n'est pas très loin
de sombrer dans le ridicule). Les nouveaux personnages sont par ailleurs
moins nombreux et moins intéressants que dans le premier opus (le grand
blond, bon, c'est pas qu'on se fiche de lui mais un peu quand même).
Heureusement, restent nos deux héros, qui eux n'ont pas bougé d'un iota.
Ce qui n'a (hélas) pas changé non plus, c'est le manque criant de
nervosité dans la réalisation. Pendant la première demi-heure, on est à
nouveau à la limite de l'emmerdement tellement c'est plat. Le
réalisateur ne semble pas trop savoir quoi faire de ses personnages,
voire même ne pas savoir où se mettre lors d'une scène un peu chaude
entre Lisbeth et une vieille connaissance. On finit par oublier tout ça
une fois l'intrigue suffisamment mise en route pour que l'on suive sans
trop se poser de questions, mais quand même, ce ne sont pas les
occasions qui manquent de faire bouger un peu les choses avec ce genre
de scénario ! C'est tout juste si on en viendrait pas à se demander s'il
ne vaut pas mieux attendre que Fincher sorte sa version, il n'aura pas
de mal à pondre un film infiniment plus nerveux.
Tout cela étant dit, le film reste plus que regardable, mais ne semble
guère vouloir dépasser son statut de polar télé du vendredi soir. Il y
avait beaucoup mieux à tirer de ces bouquins.
Roupoil, 7 août 2010.