Millenium,

film de Niels Arden Oplev (2009)



Avis général : 6/10
:-) Assez prenant malgré sa durée. Des acteurs trèc convaincants, et une atmosphère intéressante.
:-( Ca manque un peu de prise de risques et de nervosité. La fin ratée.

C'est devenu une habitude depuis quelques années : dès qu'un bouquin connait un succès mondial, et encore plus s'il a la bonne idée d'être constitué de plusieurs tomes, hop, on met en chantier une adaptation ciné. Les trois pavés de Stieg Larsson ayant explosé les ventes dans un certain nombre de pays dont la France, rien d'étonnant donc à ce que le film soit un des événements attendus de ce printemps. Le petit plus exotique est que le film a été fait en Suède, par et avec des suédois forcément un peu inconnus chez nous. Pour mettre les choses au point, je n'ai moi-même pas lu les bouquins, mais ai plus ou moins fortement été incité à voir le film par Deume, qui a quant à elle succombé de bon gré à la Milleniumania. M'enfin, soyons honnêtes, elle a pas eu besoin de me pousser très fort pour me convaincre.

Millenium, c'est la revue politiquement orientée dans laquelle écrit le journaliste Mikael Blomkvist, qui est comme il se doit THE journaliste du pays. Mais ça ne l'empêche pas de se faire avoir comme un bleu lors d'une de ses enquêtes visant à faire tomber un industriel peu scrupuleux. À la suite de quoi il finit par accepter la curieuse proposition d'Henrik Vanger d'enquêter sur un île perdue sur la disparition d'une jeune fille datant de ... plus de 40 ans. Il va être rejoint dans sa mission par une drôle de hackeuse piercée dotée d'un sacré talent pour démêler les énigmes.

Et il en faudra pour se retrouver dans les sombres histoires de famille teintées de nazisme stagnant des Vanger. Un scénario somme toute relativement classique, mais avec une certaine tendance à lorgner vers le glauque qui n'est pas sans rappeler, cinématographiquement parlant, un certain Seven. Comparaison qui fait un peu de mal au pauvre Niels Arden Oplev, réalisateur du film, qui est un gentil faiseur appliqué mais n'arrive pas à la cheville d'un Fincher. C'est d'ailleurs un des curieux défauts du film : on y retrouve pas du tout la formidable efficacité et la nervosité des polars américains, et en même temps ça ajoute au cachet profondément nordique du film, qui est assez raffraichissant. On aurait quand même aimé un peu un peu plus de nervosité (la seule scène qui déménage vraiment est la poursuite quasi finale) et de prise de risques. Là, on sent bien qu'on a surtout pas voulu risquer de gâcher le roc que constitue le bouquin et qu'on a donc fidèlement suivi sa trame, pour déboucher sur un film tout de même très linéaire et manquant de peps (quand nos deux héros font du "Oh, mince alors, un indice qu'on avait pas vu" récurrent, c'est assez moyen.

Quelque part, c'est assez fort, dans ces conditions, de faire un film qui reste tout à fait regardable, et même assez prenant. La raison en est bien sûr en premier lieu la solidité de l'intrigue et surtout le soin apporté aux personnages (même si tout ce qui est consacré à Lisbeth dans la première partie traine en longueur, d'où la durée un peu rude de l'ensemble), mais aussi les acteurs qui les incarnent, impeccablement choisis, et la musique qui colle bien à l'ambiance. On passe finalement un très bon moment devant ce divertissement ... du moins jusqu'au dernier quart d'heure, collage de bouts de scènes inutiles (la visite de Lisbeth à sa mère) ou franchement en rupture de ton avec le reste. On se doute que ces scènes prendront leur importance dans les volets suivants, mais là, ça atténue bêtement la force du dénouement.

Quelques bémols donc, qui empêchent de trouver cette adaptation réellement emballante. Mais ça reste du travail plus qu'honnête. À voir, qu'on ait ou pas lu les bouquins auparavant.

Roupoil, 22 mai 2009.



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