Tiens, revoilà Jean-Pierre Jeunet ! Mine de rien, ça
faisait bien longtemps que je n'avais pas été voir une de ses sorties au
ciné, puisque j'avais boycotté son Long dimanche de fiançailles
et que son précédent film n'était autre qu'Amélie Poulain, il y
a huit ans déjà. En tout cas, je vous rassure, ce n'est pas le fait
d'avoir été sur le plateau de Denisot voir Dany Boon faire la pub du
film qui m'a convaincu d'aller le voir, mais plutôt une bande-annonce
qui laissait entrevoir un retour aux sources de la part de Jeunet,
plutôt une bonne nouvelle pour les vieux grincheux comme moi qui
continuent à regretter sa séparation d'avec Caro (tout en étant un grand
fan d'Amélie, d'ailleurs, je n'en suis pas à une contradiction près).
Micmacs, c'est l'histoire du gentil Bazil contre les méchants
marchants d'armes qui, après avoir flingué son père à coups de mine
antipersonnel, lui font un vilain trou dans la tête. Qu'à cela ne
tienne, aidé d'une bande de semi-clodos spécialisés dans la récup, Bazil
va se venger.
Retour aux sources, disait-on ? Eh ben ce n'est pas peu de le dire...
Dès le générique retraçant en quelques tableaux l'enfance de Basil, on
ne peut pas s'empêcher de penser à Amélie Poulain. L'humour et
l'originalité en moins, hélas. Critique qui peut d'ailleurs s'appliquer
au film dans son ensemble. Jeunet fait du pur Jeunet, à grands coups de
couleurs bizarres, de machines étranges et de personnages un peu fêlés,
mais il le fait sans grande inspiration. Il faut dire qu'il n'est pas
aidé en celà par un scénario et des dialogues qui se contentent de tirer
mollement les grosses ficelles d'une comédie très quelconque et
caricaturale (ok, Dussolier ferait passer n'importe quoi, mais son
personnage de méchant est quand même assez nul).
On rit peu, on s'émeut encore moins (l'amourette plaquée sur tout ça est
d'une artificialité presque dérangeante), et Jeunet a beau tenter de
rythmer ça en enchainant les scènes comme s'il avait déjà les
spectateurs prêts à le lyncher à ses trousses, on se demande quand le
film va se décider à se mettre vraiment en route. La réponse viendra
lors d'un scène très réussie, celle du vol d'obus à coups d'homme-canon.
À peu près la seule du film, qui retourne ensuite dans sa routine
maussade jusqu'à une fin exagérée.
Pas grand chose à se mettre sous la dent, donc, si ce n'est tout de même
une sacrée brochette d'acteurs qui fait tenir le tout vaguement debout
(en surjouant un brin, mais on les pardonne), et les quelques machines
déglingo de Petit Pierre. On en vient à se demander si ce n'est pas
Jeunet en train de s'excuser qu'on entend par la bouche de Marielle et
Omar qui répètent à Pinon "C'est de la récup". La prochaine fois, on
aimerait bien un quelque chose d'un peu moins rouillé.
Roupoil, 5 novembre 2009.