Mesrine, le retour, et il n'est pas content. Un petit
mois après avoir été ma foi plutôt convaincu par le premier épisode,
malgré une narration un peu hachée, il était assez naturel pour moi
d'aller voir le second. Mine de rien, c'est une sacrée bonne idée, ça, le
film en deux parties, car il doit quand même y avoir un paquet de gens
pour se dire que n'en voir que la moitié laisserait un goût d'inachevé. En
même temps, là, il y avait de fait largement matière à deux films, donc ne
ronchonnons pas trop.
Quand je parlais de retour, ça ne concernait pas qu'un retour à l'écran,
puisque de fait ce deuxième volet débute avec le retour en France de
Mesrine, où il reprend son train-train de pillage de banques et
cache-cache avec la police. Il ne tarde d'ailleurs pas à se faire arrêter,
et les rencontres qu'il va faire au cours de ses années de prison puis à
sa sortie vont lui donner matière à réflexion sur le pourquoi de ses
agissements.
D'ailleurs, on le sent bien, c'est la vague direction d'ensemble que la
film a voulu prendre : l'analyse des liens entre Mesrine et la politique
et le terrorisme. Pourquoi seulement vague ? Parce ce qu'hélas, comme dans
le premier film, la construction par petites scènes marquantes mais mal
liées ressemble plus à un portrait par petites touches de quelques aspects
éparpillés de ce que fut Mesrine qu'à une véritable analyse du personnage.
Pourquoi, pas exemple, ce face-àface avec sa fille alors que la famille de
Mesrine est par ailleurs complètement absente du film ? La réponse qui
vient à l'esprit est du coup malheureusement "pour nous tirer quelques
larmes faciles". La relation avec Ardouin n'est pas approfondie du tout
non plus, et même celles avec Besse et Bauer ne semblent être là que pour
permettre quelques vagues tentatives d'ancrer l'action de Mesrine dans un
contexte de contestation du pouvoir, même si on ressort de là en ayant
surtout l'impression que l'ennemi public numéro 1 était n'avait à l'esprit
que son propre intérêt, ce qui est d'ailleurs sûrement le cas.
Finalement, le seul point qui passe plutôt bien dans ce deuxième opus,
c'est la relation teintée de respect entre Broussard (j'ai trouvé
l'interprétation de Gourmet curieuse au début, et puis finalement ça colle
assez bien) et Mesrine. Toujours à mettre à l'actif de Richet, la qualité
de la réalisation, visible dans la plupart des scènes d'action même si au
bout de deux fois deux heures, ça finit pas se répéter. D'ailleurs, la
scène de la mort du "héros", déjà présente dans le premier film et
développée ici, est une des plus prenantes du tout. Et puis bon, Cassel
nous refait son numéro, bien épaulé notamment par un Amalric convaincant.
Pour ce qui est de lanvin avec l'accent du midi, ça fait un peu plus
grotesque.
Au final, je ne suis pas sûr que ce deuxième film soit moins bon (ni
meilleur) que le premier, mais il m'a laissé une moins bonne impression,
car l'effet de surprise est passé et que les défauts un peu agaçants en
ressortent d'autant plus. Ca reste malgré tout du cinéma d'action très
regardable, mais on est encore une fois loin d'avoir exploité à fond le
filon (sans compter que les très allusions à la politique de l'époque
risquent de ne pas être comprises par les moins cultivés des
spectateurs...).
Roupoil, 29 novembre 2008.