L'Instinct de mort,

film de Jean-François Richer (2008)



Avis général : 6.5/10
:-) Un style plutôt assuré et efficace. Des scènes d'action vraiment réussies. Cassel habite bien le rôle.
:-( La narration trop morcelée pendant une heure.

Incroyable mais vrai, le film de gangsters événements de la rentrée n'est pas le nouveau Scorsese, il n'y pas De Niro dedans, ce n'est même pas un film américain, mais bel et bien un dyptique français centré sur la vie de l'ex-ennemi public n°1 (on lui tellement rattaché ce titre qu'il parait désormais difficile de le donner à quelqu'un d'autre) Jacques Mesrine. Eh bien je l'avoue, j'étais assez curieux de voir comment Richet, dont je n'avais pas vraiment suivi le début de carrière français puis américain, allait gérer ce gros morceau.

De façon assez attendue, le générique défile sur fond d'assassinat de Mesrine en 79, avec au passage une coquetterie de réalisation (écrans splittés) plus anodine qu'autre chose mais assez sympathique. Puis on revient sur ce qui a menée à tout ça. Hop, Mesrine en Algérie en train de torturer des vilains. Hop, de retour à Clichy chez ses parents petit-bourgeois un peu à la ramasse. Hop, le copain Paulo qui l'embarque dans de drôles de manigences. Hop, une pute de passage à laquelle Mesrine s'attache. Et puis Guido, le boss pas méchant au fond, la rencontre avec sa femme, les premiers braquages, la taule, les enfants, le nouveau plongeon, les morts, l'exil en Amérique, d'autres aventures sanglantes, la taule, les évasions, etc.

Tout ça ? Rien que pour le premier film ? Eh oui, il y a un menu sacrément copieux, pas facile de passer en revue vingt ans d'une carrière pour le moins chargée en deux fois deux heures à peine. D'ailleurs, c'est indéniable, le film est trop court par rapport à tout ce qu'il essaie d'aborder et sa structure narrative en souffre pas mal. On saute d'une époque et souvent d'une scène d'action à l'autre, mais sans prendre le temps d'analyser quoi que ce soit ni de poser la psychologie des personnages. Ainsi, la scène en Algérie, si elle réussit indiscutablement à marquer le spectateur, n'éclaire que peu les motivations ultérieures de Mesrine. On a plus l'impression que Richet aligne les scènes attendues (comme la première rencontre tendue avec le caïd, les engueulades avec sa femme) que de construire un récit vraiment accrocheur. Pour compenser, on a droit à une violence pas franchement indispensable, qui n'arrive pas à se substituer au manque de nervosité de l'ensemble.

Pourtant, ne soyons pas trop négatifs, le film se suit agréablement, grpace à une maitrise du style assez indéniable. Même si on sent bien l'ombre des grands films de genre américains placer sur la mise en scène, ça marche dans l'ensemble assez bien (quelques effets de miroir et autres un peu superflus mais bon). Et puis à défaut de réellement comprendre Mesrine, on en a une incarnation assez fascinante par Vincent Cassel, dans un rôle qui lui va comme un gant.

Mais surtout, le point positif du film, c'est que dans la deuxième moitié, il se décide enfin à se poser un peu plus, au Québec pour être précis, et développe réellement son intrigue, notamment autour du passage en prison hautement sécurisée et de l'évasion spectaculaire de Mesrine. Et là, pour le coup, c'est le bonheur, la tension est là, les scènes d'action sont vraiment maitrisées (même si un peu exagérées), la musique, à défaut d'être géniale, est efficace, on est dans le bain et le film devient vraiment très plaisant. Espérons que la deuxième partie saura continuer sur cette voie, car le gros potentiel du premier volet n'a pas été totalement expoloité.

Roupoil, 29 octobre 2008.



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