Incroyable mais vrai, le film de gangsters événements de
la rentrée n'est pas le nouveau Scorsese, il n'y pas De Niro dedans, ce
n'est même pas un film américain, mais bel et bien un dyptique français
centré sur la vie de l'ex-ennemi public n°1 (on lui tellement rattaché ce
titre qu'il parait désormais difficile de le donner à quelqu'un d'autre)
Jacques Mesrine. Eh bien je l'avoue, j'étais assez curieux de voir comment
Richet, dont je n'avais pas vraiment suivi le début de carrière français
puis américain, allait gérer ce gros morceau.
De façon assez attendue, le générique défile sur fond d'assassinat de
Mesrine en 79, avec au passage une coquetterie de réalisation (écrans
splittés) plus anodine qu'autre chose mais assez sympathique. Puis on
revient sur ce qui a menée à tout ça. Hop, Mesrine en Algérie en train de
torturer des vilains. Hop, de retour à Clichy chez ses parents
petit-bourgeois un peu à la ramasse. Hop, le copain Paulo qui l'embarque
dans de drôles de manigences. Hop, une pute de passage à laquelle Mesrine
s'attache. Et puis Guido, le boss pas méchant au fond, la rencontre
avec sa femme, les premiers braquages, la taule, les enfants, le nouveau
plongeon, les morts, l'exil en Amérique, d'autres aventures sanglantes, la
taule, les évasions, etc.
Tout ça ? Rien que pour le premier film ? Eh oui, il y a un menu sacrément
copieux, pas facile de passer en revue vingt ans d'une carrière pour le
moins chargée en deux fois deux heures à peine. D'ailleurs, c'est
indéniable, le film est trop court par rapport à tout ce qu'il essaie
d'aborder et sa structure narrative en souffre pas mal. On saute d'une
époque et souvent d'une scène d'action à l'autre, mais sans prendre le
temps d'analyser quoi que ce soit ni de poser la psychologie des
personnages. Ainsi, la scène en Algérie, si elle réussit indiscutablement
à marquer le spectateur, n'éclaire que peu les motivations ultérieures de
Mesrine. On a plus l'impression que Richet aligne les scènes attendues
(comme la première rencontre tendue avec le caïd, les engueulades avec sa
femme) que de construire un récit vraiment accrocheur. Pour compenser, on
a droit à une violence pas franchement indispensable, qui n'arrive pas à
se substituer au manque de nervosité de l'ensemble.
Pourtant, ne soyons pas trop négatifs, le film se suit agréablement,
grpace à une maitrise du style assez indéniable. Même si on sent bien
l'ombre des grands films de genre américains placer sur la mise en scène,
ça marche dans l'ensemble assez bien (quelques effets de miroir et autres
un peu superflus mais bon). Et puis à défaut de réellement comprendre
Mesrine, on en a une incarnation assez fascinante par Vincent Cassel, dans
un rôle qui lui va comme un gant.
Mais surtout, le point positif du film, c'est que dans la deuxième moitié,
il se décide enfin à se poser un peu plus, au Québec pour être précis, et
développe réellement son intrigue, notamment autour du passage en prison
hautement sécurisée et de l'évasion spectaculaire de Mesrine. Et là, pour
le coup, c'est le bonheur, la tension est là, les scènes d'action sont
vraiment maitrisées (même si un peu exagérées), la musique, à défaut
d'être géniale, est efficace, on est dans le bain et le film devient
vraiment très plaisant. Espérons que la deuxième partie saura continuer
sur cette voie, car le gros potentiel du premier volet n'a pas été
totalement expoloité.
Roupoil, 29 octobre 2008.