Match point,

film de Woody Allen (2005)



Avis général : 7.5/10
:-) Les dialogues toujours aussi précis chez Woody. La force de l'intrigue et de sa "morale". Les acteurs.
:-( On a tout de même un peu de mal à y croire. On rigole moins que d'habitude avec Woody (mais est-ce un mal ?).

Voici donc le cru 2005 de l'ami Woody, qui tourne toujours à un rythme régulier depuis maintenant une trentaine d'années. On commençait à se lasser un brin de ses comédies bavardes (mais souvent réussies, il faut bien l'admettre), mais le voilà qui attire à nouveau l'attention avec un film apparemment différent de ce à quoi il nous avait habitué. Ca méritait bien d'y jeter un coup d'oeil...

Première nouveauté (bien que ne ce soit pas tout à fait la première fois), Woody est complètement absent de ce nouveau film, dont l'acion se déroule d'ailleurs en Angleterre. Dans le milieu fortuné des hommes d'affaires, plus précisément, où un ancien champion de tennis s'introduit en se mariant avec la soeur d'un de ses "élèves". Mais pas de bol, il se sent finalement plus attiré par la copine de son beau-frère. Quand ces deux derniers se séparent, Chris va commencer à jouer un jeu dangereux.

C'est donc ça, le dernier Woody, une étude de moeurs chez des anglais friqués ? Oui ... et non. Dès l'introduction, et ce curieux début de morale sur la place de la chance dans nos existences, on est prévenus : comme à son habitude, Allen glisse dans son intrigue une réflexion pas idiote du tout sur le poids des petits détails dans le cours d'une vie. Bien sûr, on pourra trouver l'accumulation de microscopiques coïncidences un peu facile, mais si on regarde attentivement, qu'y a-t-il dans tout ce qu'on voit à l'écran qui ne soit pas crédible ? Bon, ok, admettons que la rupture brutale qui intervient aux deux tiers du film est un peu dure à avaler sur le coup (je ne saurais trop dire pourquoi, d'ailleurs, dans la mesure où on a admis bien pire dans un paquet de films), mais à tête reposée, elle s'insére tellement logiquement dans la progression du scénario, et en sert tellement bien le propos, qu'on se décide à absorber le choc et à continuer à se triturer les méninges sur l'ignoble conclusion du film.

Car c'est bel et bien un Woody passé au vitriol que ce dernier opus. Bien que les bons mots soient toujours présents, on rit beaucoup moins qu'à l'habitude, ou alors un peu jaune, peur-être parce que le milieu dans lequel se déroule l'histoire rend plus crédibles les vacheries disséminées ça et là. En tout cas, quelle maîtrise dans la description des affres du "héros" ! On l'observe en train de s'enfoncer dans le mensonge avec une fascination évidente, cette première partie du film est vraiment éblouissante. La fin reste un peu moins convaincante, notamment parce que Woody essaie de faire passer la pilule à coup de pirouettes plus ou moins bienvenues (et puis je trouve les scènes avec la police très moyennes).

Un peu dommage, mais ce Match point reste indiscutablement un film à voir et à méditer. Le genre de film qui, l'air de rien, vous hante le cerveau pour un bon petit moment. Je suis vraiment curieux de voir ce que peut donner le prochain Woody Allen s'il continue dans cette voie. Ah, j'allais oublier : monsieur Allen, je vous hais, réussir à me faire admettre que du bel canto (certes chanté par le grand Caruso) peut constituer une formidable musique de film, quelque part, ça me fait mal :-).

Roupoil, 28 octobre 2005.



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