Dans la catégorie révision de classiques, je découvrais
l'autre jour une des nombreuses palmes d'or de Cannes que je n'avais pas
encore eu l'occasion de voir, et accessoirement mon deuxième film de
Robert Altman (le premier étant le plus récent Gosford Park, qui
ma foi m'avait plutôt fait passer un bon moment). Un film qui reste
d'ailleurs une curiosité car c'est à ma connaissance la seule franche
comédie à avoir obtenu la récompense suprême du plus huppé des festivals.
Quelque part en Corée, les troupes américaines se battent. Mais un groupe
de chirurgiens allumés n'en a pas grand chose à faire et met l'ambiance
dans le camp où ils ont été affectés. L'alcool et les filles (voire le
golf !) les préocuppent plus que les soldats qu'ils charcutent à longueur
de journée.
Je dois commencer par avouer quelque chose : j'ai mis un certain temps à
me mettre dans le bain en voyant ce film. Pendant tout le premier quart
d'heure, je ne voyais que confusion à l'écran et je me demandais où cela
allaoit nous mener. Une impression qui ne m'a d'ailleurs jamais
complètement quitté (les scènes au bloc par exemple me semblent d'une
inutilité totale) et qui me fait penser que j'ai un problème avec la façon
de filmer d'Altman. Mais passons cette impression peut-être subjective
pour signaler tout de même un vrai défaut du film : le scénario est vaste
foutoir sans queue ni tête, où Altman fourre de l'humour (pas mal, et
assez varié) et un peu d'autre chose (l'antimilitarisme se sent tout de
même) qui est noyé dans la masse. C'est un peu dommage, car à la fin du
film on a la vague impression d'avoir raté quelque et qu'avoir vu ce film
comme une simple comédie n'est pas totalement conforme aux intentions de
l'auteur.
Une fois ce fait admis, il faut bien reconnaître que sur le plan comique,
le film est assez efficace. Des dialogues soignés, de l'humour pas
toujours léger mais qui réussit à alterner gags longuement préparés et
petits délires imprévisibles. Le tout servi par une brochette d'acteurs
totalement investis dans leurs fonctions, du loufoque sergent Hawkeye au
puritain (ou pas) major Burns. De la guerre qui sévit à quelque pas du
camp, on ne verra finalement rien, Altman préférant s'attarder sur les
parties de jambes en l'air ou de football américain (beaucoup trop longue
par ailleurs).
On ressort donc assez satisfait de la vision de MASH, s'étant pas
mal amusé, mais en se demandant vaguement ce qui a fait la réputation du
film. Peut-être a-t-il tout simplement, en vieillissant (il fait un peu
daté), perdu une partie de son côté iconoclaste novateur à l'époque. Il
fait maintenant office de gentil classique.
Roupoil, 21 octobre 2005.