Mary et Max,

film de Adam Elliot (2009)



Avis général : 5.5/10
:-) Techniquement impeccable, avec une jolie musique. Plein d'idées et un fond pour le moins original.
:-( Noir c'est noir, un peu trop parfois. Le concept illustration de lettres avec voix-off permanente est bof.

Ah, il est bien loin le temps où le cinéma d'animation se résumait à Disney et ses guimauves pour bambins ! Aujourd'hui les films déboulent par dizaines chaque année, avec des techniques d'animation et des sujets de plus en plus variés, pour le bonheur des petits mais surtout des grands (d'ailleurs, je ne conseillerais pas vraiment aux petits d'aller voir le film dont je fais la critique ici !). Dernier en date, ce Mary et Max nous présente deux personnages en pâte à modeler, et nous conte leur amitié assez peu ordinaire.

En effet, Mary est (au début du film) une fillette de huit ans solitaire et triste, qui s'ennuie dans sa banlieue australienne entre sa mère alcoolique et son père féru de taxidermie. Un beau jour, elle écrit une lettre à une adresse prise au hasard dans un bottin, dans le but d'avoir enfin un ami. Ce sera donc Max Horowitz, juif obèse dans la quarantaine vivant à New York et atteint d'une drôle de maladie mentale qui lui rend ses semblables très peu compréhensibles. Lui aussi est désespérement seul et bien content de se trouver une amie.

Pas besoin d'aller plus loin que ce pitch et un coup d'oeil à l'affiche du film pour comprendre que ça va être sombre. Et encore, l'affiche est beaucoup plus colorée que le film proprement dit, qui navigue en permanence dans les tons grisés, ce qui ne l'empêche d'ailleurs pas d'être une réussite esthétique indéniable. D'ailleurs, techniquement parlant, difficile de faire un reproche, tant l'animation et la réalisation sont fluides et maitrisées.

Finalement, c'est vraiment au niveau du fond que le film est à mon avis très imparfait. Déjà, le scénario, pourtant très original et fourmillant d'idées intéressantes, était bien difficile à mettre en images, difficulté pas vraiment surmontée : une illustration de lettres sur fond de voix off pendant une heure et demie, c'est trop statique, et ça finit par lasser. On entend à peine les deux principaux protagonistes en dehors de leurs longs monologues, et les seconds rôles sont essentiellement inexistants. Pourtant, on ne peut pas dire qu'il ne se passe rien tout au long de la vingtaine d'années que dure la relation à distance entre Mary et Max. Oh non, bien au contraire, il leur en arrive même des tonnes !

C'est d'ailleurs le sujet de ma seconde récrimination : le réalisateur a réussi un curieux mélange entre le statisme du déroulement de l'histoire et une accumulation franchement exagérée d'événements sur lesquels on passe en coup de vent de façon un peu frustrante. Surtout, ce qui finit par plomber le film, c'est sa désespérante noirceur. Faire un film pour adultes avec une ambiance sombre ok, mais balancer à la gueule de ses personnages tous les maux de la Terre, c'est trop. À un moment, on a envie de dire à Elliot d'arrêter de charger une barque qui a coulé depuis longtemps (le plongeon de Mary en fin de film m'a personnellement laissé de côté). Ca n'empêche pas qu'on continue à regarder pour repérer les quelques perles dans le détail, les choix d'animation toujours intéressants, et même une dernière scène qui, si elle tombe assez grossièrement dans la facilité (l'illustration musicale Puccinienne, pour quoi faire quand on dispose déjà d'une BO plus qu'acceptable ?), fait tout de même son petit effet.

Je parlais dans ma critique de Là-haut il y a quelques mois d'un élément indispensable à la réussite d'un film d'animation (et sûrement aussi d'un film tout court) : trouver le bon équilibre. Ici ce n'est pas le cas. Il y a vraiment beaucoup de bons ingrédients (suffisamment pour en faire tout de même une oeuvre qui se démarque du lot et qui mérite un coup d'oeil et un encouragement) mais la pâte finale est un peu indigeste. Dommage, mais une affaire à suivre tout de même.

Roupoil, 12 octobre 2009.



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