Marie Antoinette,

film de Sofia Coppola (2006)



Avis général : 4/10
:-) Décors et costumes superbes, réalisation impeccable. Et puis j'assume mon mauvait goût concernant Kirsten Dunst :-P.
:-( Mais où est l'émotion, et surtout, où est l'intérêt ?

Troisième film pour la fifille à Coppola, et c'est maintenant un événement guetté de tous, sélection à Cannes en guise de pare-choc. J'y suis pourtant allé en trainant un tou petit peu des pieds, pour deux raisons : la première c'est que Lost in translation, censé être l'accomplissement de la réalisatrice, m'avait beaucoup moins emballé que son premier opus. La deuxième, c'est la bande annonce avec son Versailles rose bonbon sur fond de musique pop, qui ne m'avait pas trop convaincu (je ne saurais pas bien dire pourquoi). Mais la curiosité de voir Kirsten en Marie-Antoinette était sûrement destinée à l'emporter...

De fait, on la voit beaucoup à l'écran, le film étant tellement centré sur son personnage principal qu'il en oublie plus ou moins le reste (j'y reviendrai). On la découvre en princesse autrichienne encore gamine (d'ailleurs, sans vouloir être rabat-joie, il serait temps que Coppola trouve quelqu'un d'autre pour jouer ses héroïnes de quatorze ans), puis à Versailles, mariée à un Louis XVI aussi prêt à se réaliser en tant que mari qu'en tant que Roi de France. La principale problématique du film est d'ailleurs la consommation du mariage de ces deux jeunes gens.

Mais ce n'est au fond qu'un prétexte. Car Sofia Coppola nous présente avec cette nouvelle oeuvre tout sauf un film historique traditionnel. Les quelques références historiques sont fort discrètes, et présentes uniquement pour faire un peu avancer le semblant d'intrigue. Les personnes qui reprochent les erreurs dans les détails n'ont rien compris au film : Versailles ou pas, Coppola nous fait un nouveau film "coppolesque" à souhait, en scrutant les émois d'une adolescente en fleur.

En ce qui me concerne, une telle approche ne me dérange pas le moins du monde. Ce qui me gêne, c'est que je ne retrouve pas du tout d'émotion dans ce patchwork savant de tranches de vie sans véritable fil directeur. C'est indiscutablement très beau : costumes superbes, décors forcément irréprochables puisque le tournage s'est fait à Versailles même, et une fantaisie assez réjouissante dans le débordement de patisseries colorées. Tout cela magnifié par la direction très sûre de Coppola, et un jeu d'acteurs par ailleurs tout à fait satisfaisant (Jason Schwartzmann est très bien en Louis XVI). Mais cette belle machinerie tourne à vide. Il ne se passe pas grand chose, les dialogues sont quasi inexistants (et pas très recherchés), le mélange de musique pop et de claveci d'époque ne dérange pas mais ressemble juste à une fausse provocation qui ne suffit pas à donner du rythme au film. Bref, Coppola compte sur la seule atmosphère du film pour émerveiller, mais on s'emmerde plutôt. Pire, sur les scènes au Petit Trianon, elle tombe à pieds joints dans le quasi-muet esthétisant à la Terence Malick (je pense à son dernier film, ce n'est pas un compliment chez moi).

Là où dans Virgin suicides chaque petit détail semblait d'une acuité remarquable, ici tout parait anodin. Après un premier film excellent et un deuxième tout juste correct, Sofia Coppola, à force de se répéter, nous livre un troisième opus franchement décevant. Allez, je vous livre mon sentiment à la sortie : j'avais l'impression de ne pas avoir vu grand chose de plus que dans la bande annonce.

Roupoil, 4 juin 2006.



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