Manhattan,

film de Woody Allen (1979)



Avis général : 5.5/10
:-) Les dialogues inimitables, et le personnage tout aussi inimitable de Woody.
:-( Un peu trop sérieux pour du Woody à mon goût.

À chaque fois que je vois un nouveau Woody Allen au ciné, je fais une réflexion du genre "Pas mal, mais il a fait mieux quand même", ce qui, outre le fait de passer pour un vieux con grincheux (mais oui, c'était mieux aaaaaaaaavant, voyons), me pose un gros problème existentiel au moment où on me demande (peu après la réflexion précédente) quels sont mes Woody préférés, puisque je n'en ai en fait vu que très peu. Allez, il faut bien faire amende honorable de temps à autre, me voila donc en plein séance de révision face à un classique de la deuxième période Woody (celle qui a suivi les guignolitudes des débuts, et qui a définitivement catalogué le trubion comme jumoriste juif névrosé).

Manhattant, donc, en noir et blanc et sur fond de Gershwin, est le lieu de déchirements amoureux au centre desquels se trouvent Isaac, humoriste juif un brin névrosé (je vous laisse deviner quel acteur l'interprète) et Mary, une intello snob qui sort avec le meilleur copain (marié !) d'Isaac. Ce dernier est en pleine liaison pas sérieuse avec une gamine de 17 ans. Du moins pas sérieuse de son point de vue. Bref, deux êtres en pleine impasse sentimentale, et que rien ne semble devoir attirer, que pensez-vous qu'il va pouvoir advenir ?

Les thèmes sont, à peu de choses près, les mêmes que ceux d'Annie Hall, pierre angulaire du cinéma allenien sortie deux ans avant Manhattan, le couple vedette est le même, et le cadre new-yorkais n'est pas vraiment nouveau. Et pourtant, ces deux films jumeaux ont un esprit très différent. Là où Annie Hall restait une potacherie hyper inventive bien que les rapports humains y soient disséqués avec une grande justesse sous la vacherie apparente, Manhattan vise clairement plus un côté sérieux et mélancolique souligné d'entrée par le choix d'un noir et blanc esthétisant. Personnellement, je n'ai pas trouvé le film aussi magnifique que certains, peut-être ne suis-je pas assez new-yorkais.

En fait, j'ai plus globalement trouvé cet opus un ton en-dessous de son aîné. Moins drôle, ce qui est normal au vu du parti-pris, même si on rigole bien à quelques occasions, mais je trouve que ce n'est pas assez compensé côté émotions. Le personnage de Tracy ne sert presque que de faire-valoir, alors que c'est peut-être le plus intéressant du film, et même si le thème général du film est intéressant (deux personnes qui ont une liaison qui ne leur sert qu'à se rendre compte qu'ils viennent de quitter leur vraie grande histoire pour se mettre ensemble), il est traité de façon un peu trop lisse à mon gout. Les divers revirements sont au fond assez prévisibles, et on a presque par moments l'impression que Woody fait du Woody par principe, mais en tournant un peu à vide (ceux qui n'aiment pas son côté bobo avec références incomprehensibles pour le commun des mortels risquent d'avoir des envies de meurtre de temps à autre).

Naturellement, pour les amateurs, cela suffit à trouver de quoi nourrir son cerveau et ses zygomatiques de façon largement suffisante, mais il n'y a vraiment pas pour moi de quoi sauter au plafond. Un film honnête, sans plus, qui cache derrière son vernis de respectabilité un certain manque de renouvellement.

Roupoil, 26 décembre 2008.



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