Il m'arrive assez fréquemment d'aller passer un après-midi au cinéma sans
l'avoir prémédité. L'inconvénient, c'est que du coup, il arrive que je ne
trouve pas exactement les films que je veux voir, ou les horaires qui me
conviennent. C'est ce qui m'est arrivé il y a peu, et je suis donc allé
voir par curiosité ce film qui ne figurait pas franchement en tête de ma
liste de priorités du moment. Mais bon, il y a tout de même Stephen Frears
à la réalisation...
C'est un film historique puisque ça se passe à Londres aux alentours de la
deuxième guerre. Mais le sujet n'en est pas moins léger, jugez plutôt :
Madame Henderson, vieille dame en apparence respectable, en pratique
beaucoup moins, s'ennuie après la mort de son mari. Elle décide donc
d'acheter un théâtre, embauche un gérant avec lequel elle se chamaille en
permanence, puis finit par monter avec lui une grande première en
Angleterre : une revue nue. La guerre va lui fournir un tremplin inespéré.
Sujet croustillant, pour lequel on pouvait faire confiance à Frears pour
éviter les écueils du voyeurisme et de la fausse pudeur. De fait, il s'en
tire sans difficulté. Ce ne sont de toute façon pas les filles à poil qui
l'intéressent, mais la vieille Henderson elle-même, en particulier ses
relations houleuses avec son directeur de revue. Il a la chance d'avoir
pour acteurs Bob Hoskins et Judi Dench, qui cabotinent à loisir. Ils ne
sont pas loins d'en faire trop, mais leur plaisir est plutôt communicatif.
Le souci, c'est qu'ils éclipsent un peu le reste de la distribution. Si
vous étiez là pour comprendre la motivation et les conditions de vie des
danseuses, c'est plutôt raté, elles ne font qu'office de figurantes pour
égayer les numéros musicaux (plutôt sympas par ailleurs, soignés comme
toute la reconstitution).
C'est tout de même un peu dommage de s'être autant concentré sur le
personnage principal, et ça en devient même assez gênant quand un tournant
dramatique (c'est le cas de le dire) est carrément expédié pour se
concentrer sur la réaction de mamie Henderson. D'ailleurs, c'est toute la
fin du film qui ne me convainc pas énormément : les discours sur la guerre
sont à la limite du pesant, on a l'impression que Frears n'a pas grand
chose à ajouter et qu'il n'aurait pas vraiment souhaité que son film se
prenne soudain au sérieux.
On est finalement du même avis que lui, et on gardera plutôt en mémoire
les dialogues soignés et les quelques touches d'humour un peu faciles mais
qui font leur effet. Un film qui reste donc assez frais, sans être majeur
dans la filmographie de son auteur.
Roupoil, 26 janvier 2006.