Madame Bovary,

film de Claude Chabrol (1991)



Avis général : 3.5/10
:-) Au moins, on ne peut pas se plaindre du scénario... La reconstitution est bien faite.
:-( Tout le reste est raté...

Un petit week-end chez mes parents au milieu des vacances, c'est aussi l'occasion de regarder quelques DVD sur mon portable. Qualité évidemment incomparablement moins bonne qu'à la maison, mais ça suffit amplement à se faire une opinion sur le film. Pour commencer, un petit Chabrol, auteur qui fait son entrée parmi les réalisateurs passés à la moulinette de ma critique acerbe.

Ce n'est peut-être pas son film le plus représentatif, lui qui est plus habitué à la bourgeoisie de privince actuelle qu'à celle décrite par Flaubert dans son livre. Vous ferai-je vraiment un petit rappel sur le contenu scénaristique ? Bornons-nous à rappeler que Flaubert, quelques dizaines d'années avant Giono et ses théories sur le divertissement, disséquait déjà les effets pervers de l'ennui sur une jeune bourgeoise, mariée à un mèdecin de provine, ennui dissolu (c'est le cas de le dire) dans la passion et les dépenses. On s'en doute, la médaille aura son revers.

Ce projet d'adaptation est, sur le papier, extrêmement séduisant. Un producteur exigeant qui a donné les moyens nécessaires à une bonne reconstitution, une distribution prestigieuse et à la caméra un homme qui connait son métieret auquel le thème devrait convenir. On est donc d'autant plus désolés d'avoir à reconnaitre que l'adaptation est un terrible ratage. Ma note est certainement un peu sévère, le film étant tout simplement sauvé par la puissance de l'intrigue de Flaubert, mais dans un tel projet, on ne juge pas le fond, mais ce qui en a été fait, et ce n'est ici guère réjouissant.

A quoi est du ce naufrage ? Difficile à dire, mais il semble simplement que Chabrol n'ait pas réussi à s'intégrer dans le roman. Non seulement il se contente la plupart du temps d'illustrer sans se mouiller (ce qui, au fond, ne risque que de déboucher sur un film chiant), mais la volonté apparente de ne pas trahir Flaubert le pousse à tous les mauvais choix. Image clicheteuse au possible dans les scènes romantiques avec Rodolphe, musique mal utilisée, et surtout une diction artificielle chez les acteurs qui empêche en permanence de prendre part au drame. D'inintéressant, le film devient franchement catastrophique quand Chabrol essaie de lui donner vie (je le répète, mais les scènes avec Rodolphe font plus pitié qu'autre chose).

Complètement coincés dans ces parti pris, la plupart des acteurs peinent à faire exister leurs personnages. Un gâchis, car on sent pourtant le casting soigné (Balmer et Huppert ont tout à fait le profil). Au milieu de tout cela, une satisfaction tout de même, Jean Yanne, pas du genre à se laisser enfermer, campe un Homais truculent, qui souligne malgré lui la faiblesse des autres personnages par son aisance et son naturel. Il laisse présager le très bon film qu'on aurait pu avoir en lieu et place de cette triste pantomime.

Car, ne l'oublions tout de même pas, le fond était là : la reconstitution est impeccable, la caméra précise, et le texte de Flaubert est le meilleur des scénarios. Mais Chabrol n'a, définitivement, pas su quoi en faire (je n'ai pas encore parlé des passages en voix-off ou en monologue, complètement ratés). Si vous voulez un aperçu de son talent, n'allez pas le chercher ici, cette rencontre prometteuse a accouché d'un fiasco.

Roupoil, 5 août 2006.



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