Machete,

film de Robert Rodriguez (2010)



Avis général : 6/10
:-) Une bonne quantité de scènes réjouissantes, personnages grandioses et autres répliques cultes.
:-( Au fond, c'est un peu n'importe quoi. Mais l'est-ce suffisamment ?

Dans le cinéma hyper-publicisé d'aujourd'hui, la bande-annonce est certainement devenue un élément essentiel dans la gestion de la carrière d'un film. Savoir faire une bonne bande-annonce à partir d'un film est donc quelque chose d'a priori assez maitrisé. Mais ce à quoi nous convie ici Robert Rodriguez, c'est plutôt le contraire : un film fait à partir d'une bonne bande-annonce. Eh oui. Dans sa contribution (assez mauvaise) au diptyque Grindhouse il y a quelques années, le meilleur était sans doute la bande-annonce bidon qu'il contenait, celle de Machete, gros nanar sanglant ayant pour héros un invraisemblable bad boy mexicain maniant la machette comme personne. Eh bien, le voila qui déboule vraiment sur nos écrans.

Machete, donc, fut un federale particulièrement efficace (quoiqu'un peu prompt à semer les cadavres derrière lui) dans une vie antérieure, achevée douloureusement sur une tentative avortée de faire cesser de nuire le vilain narco-traficant Torrez. Désormais, il est clandestin côté américain, mais va reprendre un peu de service quand un gars un peu louche lui propose 150 000 dollars pour shooter un sénateur texan particulièrement opposé à l'immigration. C'est un gros piège, et voila Machete obligé de dégommer du vilain, aidé par un réseau de mexicains dirigé par une bombe, et par une policière d'origine mexicaine (encore) qui est une bombe aussi (décidément).

Evidemment, tout ça est un peu n'importe quoi. Mais une des questions était certainement de savoir jusqu'où faire n'importe quoi. Dans Planète terreur, Rodriguez avait opté pour le décalque complètement grotesque de nanars des années 70. Là, après une intro du même tonneau, il plante son film dans un décor résolument plus contemporain, mais également plus sérieux. Le scénario n'est pas franchement bouleversant d'intelligence, mais s'attarde tout de même sur les problèmes d'immigration, et tente dans un premier temps de racontrer une histoire un tant soit peu cohérente.

Pas si sûr que ce soit une bonne idée, finalement, car l'apparition de personnages secondaires franchement déjantés (par exemple le mèdecin à l'hôpital) et de scènes d'action foutraques au milieu d'un film de facture presque classique est un peu déroutante. En fait, le film devient franchement excellent lors de la séquence finale de l'attaque du ranch, où Rodriguez lâche complètement tout réalisme pour donner libre cours à une fantaisie complètement jubilatoire.

Auparavant, on aura alterné entre trucs franchement ratés (c'est quoi ces bagnoles qui piaffent comme des chevaux ??) et moments excellents, au niveau des dialogues notamment. La galerie de personnages vaut de toute façon à elle seule le détour, avec en tête un Padre inoubliable, mais aussi un Steven Seagal en mode auto-parodique ou un De Niro qui a l'air de bien se fendre la gueule. Soyons honnêtes : nous aussi. Ce n'est pas le film du siècle, c'est sûr, mais ça défoule bien.

Roupoil, 11 décembre 2010.



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