Dans le cinéma hyper-publicisé d'aujourd'hui, la
bande-annonce est certainement devenue un élément essentiel dans la
gestion de la carrière d'un film. Savoir faire une bonne bande-annonce à
partir d'un film est donc quelque chose d'a priori assez maitrisé. Mais
ce à quoi nous convie ici Robert Rodriguez, c'est plutôt le contraire :
un film fait à partir d'une bonne bande-annonce. Eh oui. Dans sa
contribution (assez mauvaise) au diptyque Grindhouse il y a
quelques années, le meilleur était sans doute la bande-annonce bidon
qu'il contenait, celle de Machete, gros nanar sanglant ayant
pour héros un invraisemblable bad boy mexicain maniant la machette comme
personne. Eh bien, le voila qui déboule vraiment sur nos écrans.
Machete, donc, fut un federale particulièrement efficace
(quoiqu'un peu prompt à semer les cadavres derrière lui) dans une vie
antérieure, achevée douloureusement sur une tentative avortée de faire
cesser de nuire le vilain narco-traficant Torrez. Désormais, il est
clandestin côté américain, mais va reprendre un peu de service quand un
gars un peu louche lui propose 150 000 dollars pour shooter un sénateur
texan particulièrement opposé à l'immigration. C'est un gros piège, et
voila Machete obligé de dégommer du vilain, aidé par un réseau de
mexicains dirigé par une bombe, et par une policière d'origine mexicaine
(encore) qui est une bombe aussi (décidément).
Evidemment, tout ça est un peu n'importe quoi. Mais une des questions
était certainement de savoir jusqu'où faire n'importe quoi. Dans
Planète terreur, Rodriguez avait opté pour le décalque
complètement grotesque de nanars des années 70. Là, après une intro du
même tonneau, il plante son film dans un décor résolument plus
contemporain, mais également plus sérieux. Le scénario n'est pas
franchement bouleversant d'intelligence, mais s'attarde tout de même sur
les problèmes d'immigration, et tente dans un premier temps de racontrer
une histoire un tant soit peu cohérente.
Pas si sûr que ce soit une bonne idée, finalement, car l'apparition de
personnages secondaires franchement déjantés (par exemple le mèdecin à
l'hôpital) et de scènes d'action foutraques au milieu d'un film de
facture presque classique est un peu déroutante. En fait, le film
devient franchement excellent lors de la séquence finale de l'attaque du
ranch, où Rodriguez lâche complètement tout réalisme pour donner libre
cours à une fantaisie complètement jubilatoire.
Auparavant, on aura alterné entre trucs franchement ratés (c'est quoi
ces bagnoles qui piaffent comme des chevaux ??) et moments excellents,
au niveau des dialogues notamment. La galerie de personnages vaut de
toute façon à elle seule le détour, avec en tête un Padre inoubliable,
mais aussi un Steven Seagal en mode auto-parodique ou un De Niro qui a
l'air de bien se fendre la gueule. Soyons honnêtes : nous aussi. Ce
n'est pas le film du siècle, c'est sûr, mais ça défoule bien.
Roupoil, 11 décembre 2010.