Lettres d'Iwo Jima,

film de Clint Eastwood (2006)



Avis général : 4/10
:-) Quelques images superbes. Des acteurs à la hauteur.
:-( C'est essentiellement long et chiant. Pas l'ombre d'un message intelligent.

Allez savoir pourquoi, il y a quelques mois, mon instinct m'avais convaincu d'éviter le précédent film d'Eastwood, premier volet d'un diptyque sur la bataille d'Iwo Jima. Pourtant, j'ai prétendu à tout le monde pendant quelques semaines que j'irais le voir, et finalement non. Cette fois-ci, je n'ai pas résisté et je suis donc allé voir le second volet sans avoir vu le premier. J'aurais mieux fait de m'en passer.

Sur la petit île d'Iwo Jima, donc, des soldats japonais se préparent vaillamment à la bataille. Ou plutôt au massacre, vu la situation désespérée dans laquelle ils se trouvent. Le général Kuribayashi, fraichement débarqué, se heurte à de forts différents avec certains de ses collègues. Le jeune Saigo, lui, ne rêve que de retourner auprès de sa femme et de sa fille vivant. Chacun s'illustrera à sa façon au coeur de la bataille.

Ca commence ma foi fort bien, belle introduction sur fond de musique à la fois discrète et présente (bah si, c'est possible, môssieur, je ne vois pas pourquoi ce serait contradictoire). Et puis on revient dans le passé et, première constatation, le film devient très gris. Choix artistique intéressant de la part d'Eastwood, mais que personnellement je n'apprécie guère (ça rend juste l'image terne...). Ca n'empêche en tout cas pas le vieux Clint de nous gratifier de quelques plans sublimes au cours du film (celui sur la flotte américaine se dirigeant vers Iwo Jima m'a laissé sur le cul). Par contre, ça contribue certainement à une certaine sensation de flou sur la localisation précise des événements. Ce qui n'est pas arrangé par un total flou temporel cette fois-ci imposé par le scénario. En gros, on ne sait jamais très bien où on en est, ni quelle est la situation de nos amis japonais (impossible même d'avoir une idée des forces en présence).

En fait, ça s'explique un peu, le film n'étant manifestement pas destiné à raonter la bataille comme l'aurait fait le film de guerre lambda. D'ailleurs, même si on a droit à quelques figures imposées comme le débarquement sur la plage ou le bras arraché, peut-on vraiment parler de film de guerre ? C'est manifestement plus aux hommes que s'intéresse le scénario. Eh ben, c'est pas de pot, parce que l'analyse psychologique est juste mauvaise, et du coup on se fait chier. Personnages caricaturaux, scènes répétitives faisant intervenir le fameux sens de l'honneure japonais, et finalement une réflexion sur la guerre bien primaire, voire parfois carrément idéologiquement douteuse : regardez, les japs, c'est pas tous des gros cons suicidaires, y en a qui sont intelligents (ils sont d'ailleurs faciles à repérer, ce sont ceux qui parlent anglais et ont fait leurs études aux Etats-Unis). Et puis les ricains sont pas tous gentils, y a aussi des abrutis qui flinguent les prisonniers.

Je ne peux pas m'empêcher de reconnaitre dans cette subtilité et cette absence totale de manichéisme la bonne grosse pâpâte de Paul Haggis au scénario. C'est marrant, lors de la sortie de son film Crash, déjà, la critique avait été enthousiaste à une exception notable (le bon vieux Télérama n'a pas perdu tous ses neurones, ça rassure), et j'avais trouvé ça bien lourdingue au niveau du scénario. S'il continue, ca gars ne va pas tarder à devenir un de mes sujets de blagues favori. Mais s'il te plait, si tu tiens à écrire pour Eastwood, redonne-lui des sujets de mélo comme Million dollar baby, qu'on puisse pardonner les gros sabots plus facilement...

Roupoil, 2 mars 2007.



Retour à ma page cinema