Impossible de commencer une critique de ce film sans
parler d'un autre, celui qui l'a inspiré (pour faire un joli euphémisme),
Les Sept samourais de Kurosawa (je précise parce qu'il y a encore
des gens qui ne sont pas au courant). Ceci dit, comme je n'ai jamais vu
l'original (les plus observateurs me feront même remarquer qu'il n'y a pas
un seul Kurosawa dans ma liste de critiques à ce jour, mais ça vient), je
vais pouvoir me concentrer uniquement et objectivement sur celui-là.
Un village de paysans mexicains se fait régulièrement embêter par un
vilain pas beau qui leur pique la moitié de leur récolte (pas con, il
leur laisse quand même de quoi vivre). Un jour, ils en ont marre et
décident d'embaucher des mercenaires pour les défendre. Ca tombe bien, Yul
Brynner trainait dans le coin avec Steve MacQueen. Ils vont recruter une
équipe de six hommes (oui, j'ai dit 6) prêts à se sacrifier pour le
village.
Le scénario est d'une simplicité redoutable, et Sturges ne s'embarasse pas
trop de psychologie (j'ai comme dans l'idée que ce n'est pas le cas de
l'original), privilégiant l'action aux personnages. Disons qu'il en dit
juste assez pour leur donner un peu de profondeur, laissant le charisme
des acteurs faire le reste. Pour certains, ça marche (O'Rilly, joué par
Bronson, est touchant alors qu'on ne sait presque rien sur lui ; même
le meneur est assez crédible avec son idéal naïf de retour à la terre),
pour d'autres c'est un peu grotesque (les amourettes de Chico amènent le
film pas loin de la frontière avec le nanar). La vision donnée de la
condition des paysans est tout aussi simpliste, mais on s'en accomode
également.
Pour le reste, et même si Sturges à la caméra n'a pas le talent d'un Ford
(pour les paysages sublimes, on repassera), c'est du tout bon. Dès le
début, on enchaine les scènes mémorables, rythmées par la musique
invraisemblablement bruyante d'Elmer Bernstein (on n'oserait plus en faire
des comme ça de nos jours, mais faut bien admetre que ça fout un punch
terrible au film) : le cynisme de Calvera face aux mexicains,
l'enterrement du vieil indien, puis le refoulage du petit jeune par Chris,
etc... On pourrai en citer des dizaines, ça ne faiblit presque pas de tout
le film, et Sturges a un sens du rythme qui fait mouche dans les scènes
d'action.
Que demander de plus ? Un western qui en plus soit profond et fasse
réfléchir ? Ah oui, bon, ça, c'est peut-être pas ici que vous le
trouverez, mais si le but est juste de passer une soirée sympa avec des
brutes au grand coeur et à la détente facile, ces sept-là sont vos hommes.
Roupoil, 14 avril 2006