Les Sentiers de la gloire,

film de Stanley Kubrick (1957)



Avis général : 7/10
:-) Un réquisitoire efficace et implacable. Des scènes de guerre assez surprenantes.
:-( C'est presque trop attendu, le film ne nous surprend jamais réellement.

Il n'en manquait pas beaucoup pour compléter ma collection, mais je n'avais jamais vu ce film de Kubrick, souvent considéré comme le véritable point de lancement de sa carrière (qui ne sera, rappelons-le, suivi que de neuf films en un peu plus de quarante ans). Notons par ailleurs que le film de guerre est certainement le genre qui a le plus été exploré par Kubrick, qui y consacra quatre films (son premier, peu vu de nos jours, pour faire un bel euphémisme) et bien entendu Docteur Folamour, dans un style certes assez différent, et enfin le très beau Full metal jacket.

Le thème ici retenu est assez simple mais tout de même réjouissant pour l'antimilitariste que je suis : une critique acerbe et sans concessions de la hiérarchie militaire. Dans les tranchées, pendant la Première guerre mondiale, le conflit s'enlise. Le colonel Dax est toutefois chargé de mener une attaque sur une position allemande manifestement imprenable. Pourquoi ? Parce qu'une victoire serait synonyme de promotion pour son général. La défaite inévitable entrainera par contre le courroux de celui-ci, qui demande qu'un exemple soit fait parmi ses propres soldats. Dax décide de défendre lui-même ses hommes devant la cour martiale.

Pas besoin d'être Madame Irma pour deviner l'issue du procès, ni même celle du film. Le suspense n'est pas tellement l'enjeu du film, qui vise plutôt à aller jusqu'au bout de son exploration de l'absurdité du fonctionnement de l'armée. Pari réussi, puisque le film est édifiant au possible, bien soutenu par le jeu des acteurs pour les deux rôles de salauds. Kirk Douglas n'est pas mal non plus, mais son personnage est presque trop beau pour être vrai. C'est un peu le défaut du film : inattaquable, mais tellement manichéen qu'on a presque du mal à rentrer dedans. Un problème classique du film dénonciateur : réussir à taper très fort tout en étant crédible et surtout sans lasser. Pas sûr que ce film y soit totalement parvenu.

Pour le reste, on est évidemment curieux de voir le traitement réservé par un Kubrick encore tout jeunot aux scènes de batailles (pour le reste, c'est assez classique). Eh bien ça vaut le coup, des travellings dans les tranchées aux scènes de combat quasi abstraites qui lorgnent déjà pas mal du côté de celles de Full metal jacket (comme souvent chez Kubrick, l'opression semble venir de la monotonie du décor).

Je me rends compte qu'évidemment j'ai bien du mal à juger de ce film indépendamment de la filmographie ultérieure de son réalisateur. Disons alors que c'est un bon film, très solide et intéressant malgré tout, mais qu'il n'atteint pas les sommets de la plupart de ses successeurs.

Roupoil, 4 mars 2008



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