Après une première expérience ma foi fort stimulante
avec le cinéma de David Cronenberg (son précédent film, A History of
violence), je n'ai toujours pas pris le temps de visiter plus en
détail sa filmographie antérieure, mais j'avais pris rendez-vous pour ce
nouveau thriller, que j'ai bien failli laisser filer à force de tarder à
trouver le temps de le voir, mais voilà qui est fait. Rude tâche pour lui,
il va succéder immédiatement à ma vision de La Nuit nous
appartient.
Anna, une jeune femme d'origine russe (raaaah, Naomi Watts ! Hum, pardon,
je m'égare) qui est sage-femme dans un hôpital, voit un beau jour
débarquer dans son service une adolescente mal en point. Tellement qu'elle
ne survivra pas à son accouchement, contrairement au bébé. Mais elle
laisse derrière elle un mystérieux carnet écrit en russe, qui mène Anna
jusqu'au restaurant du vieux Semyon, sourire enjoleur, mais pas forcément
celui qu'on croit. En tout cas, son fils et son chauffeur ont de bonnes
têtes de tueurs...
Cronenberg ne fais pas franchement dans la dentelle, avec un début pour le
moins brutal, qui comme il se doit ne s'éclairera que lentement au cours
du film. Même si le spectateur est très vite au courant qu'il y a de la
mafia dans l'air, quelques rebondissements émaillent le scénario. Le
problème c'est que tout ça manque beaucoup de conviction. En fait, on a un
peu une situation inverse de celle du précédent film de Cronenberg, où à
partir d'une situation banale (une famille américaine quelconque dans une
petite ville tout aussi quelconque), se développait une trame aux
ramifications inattendues. Ici, on se place immédiatement dans le milieu
du grand banditisme, pour au fond nous en narrer un épisode relativement
mineur. Peu de personnages, on tourne toujours autour du même pot, et même
le twist (que je n'avais personnellement pas spécialement vu venir) sur le
personnage joué par Mortensen et le pseudo happy end ambigu sont bien
poussifs et laissent plus perplexes qu'autre chose.
Pourtant, les acteurs collent assez bien (surtout Armin Mueller-Stahl dans
le rôle du patriarche), sauf peut-être un Vincent Cassel un peu perdu dans
un rôle qui il faut bien le dire n'est pas très intéressant, mais tout ça
manque tout bonnement de contenu. Même les scènes violentes n'inspirent
pas grand chose de plus qu'un ennui poli (pour le coup, Cronenberg m'avait
habitué à nettement mieux). Bien sûr, le réalisateur canadien sait
toujours tenir une caméra, mais il n'a pas l'air de beaucoup s'amuser non
plus.
Bref, arrivés à la fin du film, on attend toujours l'étincelle qui
donnerait un peu plus vie à l'oeuvre. Ce n'est pas franchement mauvais,
mais à peu près aussi vite oublié que vu. Une réelle déception.
Roupoil, 23 décembre 2007