Comment rater la suite de l'Auberge espagnole,
film culte pour un paquet de jeunes de mon âge aujourd'hui ? Par exemple
en ayant oublié de visiter cette auberge à sa sortie, et en ne s'étant
pas rattrapé depuis. Bon, allez, pas grave, c'est la Fête du Ciné, on va
aller voir celui-là quand même, et on puis on verra bien l'autre un jour.
Xavier a la trentaine. Il écrit. Un peu de tout, et pas mal de n'importe
quoi, mais il faut bien vivre. Et il paillone, aussi. Entre ses anciens
colocataires de Barcelone et les filles croisées dans la rue ou pour son
boulot, il a finalement une vie bien remplie pour un célibataire, le
Xavier. Sauf que ça n'a pas l'air de lui plaire vraiment, comme vie.
Peut-être qu'il aimerait s'attacher. mais il ne s'y prend pas très bien
pour ça...
Le film, lui aussi papillone, se ballade, de Paris (fort bien filmée,
d'ailleurs, ça ne peut que toucher un parigot comme moi ;-) ) à
St-Pétersbourg avec des détours par Londres, suivant Xavier dans ses
pérégrinations amoureuses. C'est bien d'amour qu'il est question ici. Pas
vraiment de philosophie sur la question, malgré les réflexions régulières
en voix off de Xavier. Plutôt des moments de vie capturés et commentés sur
le vif. C'est frais, et surtout c'est juste. On y croit presque tout le
temps (bon, y a bien un ou deux rebondissements qui passent assez
moyennement, quand même), et encore plus dans les gestes et les
hésitations que dans les dialogues, qui sonnent bien par ailleurs. Ajoutez
à ça des acteurs qui sont égalemment très naturels, et ça suffirait à
faire un film plaisant.
Mais Klapisch ne se contente pas tout à fait de ça. Point positif, il
ajoute de l'humour partout, et c'est souvent efficace. Point vaguement
négatif, il en fait parfois un peu trop. Qu'il ajoute des effets de
réalisation pas franchement utiles par-ci par-là, soit, ça ne me dérange
pas. Qu'il plante des scènes un peu décalées de temps à autre, pourquoi
pas (le joueur de pipeau est excellent, par contre la scène où Celia est
filmée de dos dans la rue "aux proportions idéales" me semble beaucoup
plus dispensable). Qu'il cherche à donner une pseudo-morale à son film,
là, je doute carrément. Surtout quand ça le pousse à allonger totalement
inutilement la fin du film, au point qu'on ne croit plus vraiment à ce qui
se passe et qu'on se demande où ça va nous mener.
Dommage, avec une demi-heure de moins, le film aurait vraiment pu être
excellent, là, la fin pèse un peu sur mon avis a posteriori. Ne crachons
tout de même pas complètement dans la soupe, on prend beaucoup de plaisir
(et beaucoup de mal quand on est un sale romantique célibataire comme moi,
mais c'est un autre problème) en regardant ce film. En plus, les actrices
sont quand même globalement très mignonnes (je vous laisse retrouver
mon ordre de préférence en fonction de la couleur des yeux ;-) ).
Roupoil, 27 juin 2005