Après la vision de l'incroyable Freaks, Tod
Browning a pris une bonne place dans la liste (assez courte il est vrai)
des réalisateurs de l'avant-guerre dont je serais curieux d'explorer
l'oeuvre en profondeur. Mais, il faut bien l'admettre, les projections
de films de l'époque ne sont pas légion, et il ne faut pas rater les
rares occasions qui se présentent. En voila une avec la ressortie en
salles d'un de ses derniers films.
Paul Lavond, après dix-sept ans passés derrière les barreaux, réussit à
s'évader en compagnie du dénommé Marcel. Ancien riche banquier, il est
animé par son désir de vengeance envers ses anciens associés qui ont
comploté pour l'envoyer injustement en prison. Marcel, lui, est plutôt
du genre savant fou, travaillant avec sa femme à un procédé de
miniaturisation des humains censé régler les problèmes de faim dans le
monde. Lavond va y trouver matière à une machination diabolique.
Autant le dire tout de suite, on est ici très loin de l'univers
d"rangeant de Freaks. Cette classique histoire de vengeance à
la Monte-Christo est bien matinée d'un peu de fantastique farfelu (on
pense à La fiancée de Frankenstein pour le labo d'alchimiste)
et d'effets spéciaux assez redoutables (mais bon, c'est tout de même
très vieux, alors on fait semblant d'y croire), mais ne mérite sûrement
pas une classification dans le genre Horreur.
Quoi qu'il en soit, et sans atteindre des sommets inoubliables, ces
poupées présentent un divertissement de bonne facture, alternant les
scènes d'action au suspense bien dosé et les dialogues à tiroir amusants
sans jamais faiblir. Quelques plans de la tour Eiffel (eh oui, ça se
passe en France, c'est assez rigolo), et un acteur principal hyper
charismatique (on n'en dira pas autant de tout le casting), notamment en
vieille dame trop gentille pour être honnête, pour emballer le tout, et
on l'avale sans broncher !
Bien sûr, ça reste assez téléphoné et ça manque de réel piquant (les
"méchants" sont un peu trop ridicules et caricaturaux pour avoir de
l'épaisseur, le chauffeur de taxi est plus saoulant qu'autre chose),
mais cela confirme que Browning avait un solide métier.
Roupoil, 25 août 2009