Je sais bien que je ne suis plus très réactif niveau sorties
ciné, mais là, près de deux mois après sa sortie, je ne dois pas être loin de
mon record. Pourtant, le nouveau film d'animation des studios Aardman (les
mythiques créateurs de Wallace et Gromit faisait partie de mes
priorités. Mais voila, gros souci pour moi qui vais systématiquement voir mes
films en journée : absolument aucune séance en VO disponible sur Paris avant
20H30 ! Un vrai scandale... Il a donc fallu un jour de gros creux (mercredi de
sorties cannoises ... décalées au lendemain car pas encore projetées sur la
Croisette) pour que je me décide à le regarder en 2D (ça on ne s'en portera
pas plus mal) et en VF (aïe, Edouard Baer au lieu de Hugh Grant, faudra s'en
contenter).
Le Capitaine Pirate, comme vous ne l'auriez sûrement pas deviné, est capitaine
d'un vaisseau pirate. Enfin, pour être honnête, son équipage ressemble plus
à un ramassis de gentils zouaves qui ne doivent pas faire peur à grand monde.
Aucune chance pour lui de gagner le prix du Pirate de l'Année, où il finit
systématiquement bon dernier. Mais un beau jour, il croise sur son chemin un
certain Charles Darwin, qui lui fait remarquer que son perroquet est en fait
un dodo, et lui propose de le présenter à Londres, où sévit la terrible (et
très piratophobe) reine Victoria.
Ce programme a priori réjouissant débouche, hélas, sur un spectacle assez
médiocre, à des années-lumière du lapin-garou pourchassé par Wallace et Gromit.
La raison principale en est simple, le scénario est bien trop sommaire et
creux pour soutenir le film. Des pirates, on ne voit finalement pas grand
chose, l'intrigue se concentrant sur les histoires de dodo. Pourquoi pas,
mais une fois l'amusement de voir les images de Darwin et Victoria malmenées,
on progresse poussivement à coup de péripéties très peu inspirées et de gags...
ah ben en fait y a pas de gags, ou si peu. Les thèmes de l'amitié et de la
fidélité à ses idéaux, mille fois ressassés dans les dessins animés, sont
une fois de plus repris sans originalité, et le tout manque sincèrement d'un
ingrédient qui lui aurait été fort nécessaire : un peu de folie.
C'est d'autant plus dommage qu'au niveau de l'animation, c'est par contre
parfait ! Le retour aux personnages en pâte à modeler, un temps délaissés
par Aardman, permet d'admirer leur maîtrise impressionnante de la technique,
et d'apprécier à leur juste valeur les quelques scènes d'action qui parsèment
le film. Enormément de détails dans les décors justifieraient même sûrement
qu'on se détache la plupart du temps du premier plan, pour aller scruter
ce qui passe à côté.
C'est finalement le résumé de ce ratage frustrant : une forme superbe pour
un fond pas du tout à la hauteur. Les moins de huit ans y trouveront leur
compte, les autres attendront un prochain long-métrage pour être satisfaits...
Roupoil, 19 mai 2012