Les Oiseaux,

film d'Alfred Hitchcock (1963)



Avis général : 7.5/10
:-) La construction remarquable de l'intrigue. La maitrise totale d'Hitchcock.
:-( Un poil bavard par moments. Une actrice principale bof bof. Les effets ont quand même vieilli.

Pour un gars qui prétend ne pas aimer Hitchcock, je me rends compte que je visionne ses films avec une régularité assez admirable et, pire, que j'en dis rarement du mal. Celui-ci me rappelle des souvenirs assez particuliers puisque la première fois (et dernière jusqu'ici) que je l'avais vu, c'était au collège avec ma classe de quatrième, et nous avions étudié quelques scènes "à suspense" du film en cours de français (eh oui, ne me demandez pas pourquoi). En tout cas, à l'époque, j'avais plutôt aimé, mais la fin sans explication m'avait beaucoup énervé...

Melanie Daniels, une gentille greluche sophistiquée, croise un beaujour chez un oiseleur un beau gosse un brin cynique. Elle décide d'aller lui rendre visite dans son bled paumé en bord de mer, emportant avec elle un couple d'inséparables (ce sont des oiseaux, bande d'ignares !) en cadeau pour sa petite soeur (à lui, évidemment, pas à elle). Pensant ne passer que quelques heures loin de San Francisco, elle va en fait rester tout le week-end, un week-end dont elle risque d'ailleurs de se souvenir un moment, vu les étranges événements qui vont s'y produire. Tout commence par un vol plané de mouette...

Il faut bien le dire, même si près de cinquante ans ont passé depuis la réalisation des Oiseaux et si le film a techniquement vieilli (les effets visuels étaient sûrement saisissants pour l'époque, mais sont juste bizarres aujourd'hui, même si les scènes d'attaque restent plutôt efficaces), ce classique reste d'une saisissante modernité. Quelques années avant que Romero ne lâche ses zombies, un bon moment avant l'avènement du survival comme sous-genre très représenté du cinéma d'horreur, Hitchcock avait déjà tout inventé, en prenant en guise de monstres sanguinaires acharnés à détruire toute trace d'êtres humains dans les parages les plus inoffensives des bestioles, de simples oiseaux.

La construction du film, qui ressemble étrangement à celle de bien des classiques plus tardifs (lente montée en puissance des attaques, longs moments d'attente avant les scènes violentes, enfermement progressif des héros dans le faux abri que constitue leur maison), est absolument remarquable. On peut juste déplorer quelques bavardages un peu trop délayés de temps à autre (la scène au café avec la mémé notamment). Quant à la réalisation d'Hitchcock lors des scènes de tension, elle est évidemment au top, mais on en attendait pas moins de sa part.

S'il y a un endroit où le bât blesse plus manifestement, c'est sûrement du côté des acteurs, aux réactions souvent curieuses et effacées. Bon, je ne demande pas forcément que ça hurle dans tous les coins sous prétexte que c'est un film d'horreur, mais Tippi Hedren est franchement fadasse. Par contre, travail intéressant sur le son, les cris d'oiseaux couvrant souvent tout le reste, ce qui donne une curieuse impression d'irréalité à ce qu'on voit à l'écran. En fait, le film ne fait pas vraiment peur, ce qui est un peu ballot, mais reste une très belle expérience de cinéma. Quant à la fameuse fin, elle me semble aujourd'hui tout à fait bienvenue, et là aussi, nombreux seront les survival ultérieurs à ne pas donner d'explication à l'invasion de zombies ou autres horreurs sur les écrans.

Roupoil, 28 juin 2009



Retour à ma page cinema