Depuis un certain succès mondial de la fin de la
dernière décennie, il était assez évident que remettre sur une même
affiche Kate Winslet et Leonardo Di Caprio serait une garantie à peu près
certaine de succès. C'est désormais chose faite, avec qui plus est Sam
Mendes à la barre, histoire de ne pas gâcher le potentiel de la réunion de
ce couple mythique. En tout cas, de l'eau a coulé sous les ponts en un peu
plus de dix ans, et l'un comme l'autre (surtout l'un d'ailleurs) ne sont
plus les jeunes premiers un peu niais de Titanic, mais des
acteurs qu'on peut raisonnablement classer parmi les plus solides de leur
génération.
D'ailleurs, symptome assez évident de leur évolution, ils jouent
aujourd'hui un couple en pleine crise après quelques années de vie
commune, deux gamins et une vie morne et ennuyeuse dans une banlieue
résidentielle remplie de gens inintéressants, mais qui ne semblent pas,
eux, se rendre compte de la platitute de leurs vies. Pour la peine, ils
décident de tout laisser tomber pour aller vivre à Paris (qui, comme
chacun sait, est la seule ville au monde où les gens savent vivre
correctement). Sauf que ça ne va pas se passer exactement comme prévu.
En fait, heureusement que nos deux stars sont de solides acteurs, car le
film est vraiment extrêmement centré sur leur couple. Quelques personnages
secondaires certes, mais qui sont essentiellement là pour faire de la
figuration et faire exploser les divergences de vue entre les deux
personnages principaux (mention spéciale tout de même de ce point de vue
au personnage du matheux, forcément un brin taré, mais en fait bien moins
qu'il n'en a l'air au premier abord, et qu'on aurait aimé voir un peu
plus), voire pour leur donner l'occasion de se tromper joyeusement. Quand
aux enfants du couple, c'est bien simple, on ne les voit essentiellement
pas, comme s'ils n'intervenaient pas vraiment dans toute cette histoire.
Ce choix de centrage extrême de l'intrigue, combiné au fait que l'origine
littéraire du projet est assez nette (ça parle beaucoup), a un peu
tendance à amortir la violence des engueulades fréquentes entre les deux
protagonistes. Peut-être s'éloigner un peu plus pour mieux surprendre le
spectateur par une explosion de violence moins soigneusement amenée
aurait-il permis au film de gagner la nervosité qui lui manque par moments
(je ne sais plus où j'ai entendu parler de l'influence de Bergman sur ce
film ; pour ce que j'ai vu de Bergman c'est effectivement assez net, sauf
que le maitre suédois y va carrément plus franco niveau vachardise).
Mais ne boudons toutefois pas notre plaisir, même si c'est un brin lisse,
ça reste très bien fait, bien joué, et la lente montée de la tension
jusqu'au drame final est bien gérée. Une petite musique bien foutue pour
accompagner le tout, et on obtient somme toute un bon film. Et puis le
sujet lui-même suffira à intéresser bon nombre d'entre nous : qui n'a
jamais eu l'impression d'être passé à côté de sa vie et de mériter mieux
que ses crétins de voisin ?
Roupoil, 29 janvier 2009