Les Lois de l'attraction,

film de Roger Avary (2002)



Avis général : 4/10
:-) Des idées dans la réalisation, une image soignée, un certain sens du rythme.
:-( Quel est le sens de tout ça ? Ce n'est même pas choquant...

Voila un film qu'un de mes chers colocataires que je ne dénoncerai pas tenait à me faire découvrir, et qui de fait possédait a priori un certain nombre d'éléments susceptible de m'attirer : un roman sulfureux écrit par un écrivain américain contemporain, donc un film à la solide réputation trash, et manifestement bien déprimant (ceux qui croient qu'ils s'agit d'un teen-movie axé sur le cul n'ont pas tout compris). En même temps, Avary est un acolyte notoire de Tarantino que, comme vous devez le savoir maintenant, je ne porte pas franchement dans mon coeur. À voir donc.

Tout se passe dans une université américaine, mais on n'en verra que les chambres d'internat et les diverses salles et autres endroits où nos étudiants font la fête. Car ils passent plus ou moins leur temps à ça, les rares cours étant apparemment tout le temps annulés. Bref, on suit trois d'entre eux dans leur pérégrinations, avant tout sentimentales : Sean, un pseudo beau gosse qui reçoit des petits mots dans son casier, Lauren, qui est vierge et pas fière de l'être, et Paul, qui est pédé et qui ne s'en cache pas. Un échantillon représentatif de la jeunesse dorée américaine, quoi. Ah, j'oubliais, ça se drogue et saoule la gueule à tout va, bien sûr.

Vous me sentez critique ? Eh bien, pour commencer, je vais déverser ma rage sur quelque chose qui n'a rien à voir avec le film lui-même : on a eu droit à un DVD avec VO et VF (jusque là tout va bien) ... et aucun sous-titre disponible. La VF étant essentiellement inregardable, on a souffert en VO, car ce n'est pas le film le plus facile à suivre qui soit de ce point de vue. Donc petit message aux nombreux éditeurs de DVD qui liront cette critique : essayez d'arrêter d'être cons, parfois, ce sera cool.

Revenons-en tout de même au film. La (longue) première scène, vue en réalité trois fois, sous l'angle de vue de chacun des protagonistes principaux, est assez emblématique du film : voix off déprimée, une volonté de s'orienter vers le trash tout en gardant une image extrêmement soignée, et surtout des astuces de réalisation du type image accélérée à l'envers pour rembobiner la scène. Ce n'est pas totalement inintéressant et plutôt bien fait, on attend donc avec une certaine curiosité de voir comment le réalisateur va développer ça dans la suite du film.

Mais le problème, c'est qu'en fait il ne développe guère, et se contente essentiellement de se répéter, sans avoir de véritable fond sur lequel s'appuyer. Quel est le message dans tout ça ? Que la vie des ados est affreuse ? Ok, on a compris (et on y croit pas toujours), mais même si le but est juste de choquer le spectateur c'est raté, le film est trop lisse pour ça (allez, sauvons une scène de suicide qui marque, pour le reste, Avary évite en fait soigneusement de montrer ce qui risque de faire mal au spectateur). Et l'abus de procédés techniques finit par lasser plus qu'autre chose.

Essentiellement, au bout d'un moment, on s'emmerde. Et on finit par se désintéresser des mésaventures des gravures de modes friquées qui défilent sous nos yeux. Dommage, il y avait du potentiel, mais à mon sens mal exploité.

Roupoil, 5 novembre 2007



Retour à ma page cinema