Voila un film qu'un de mes chers colocataires que je ne
dénoncerai pas tenait à me faire découvrir, et qui de fait possédait a
priori un certain nombre d'éléments susceptible de m'attirer : un roman
sulfureux écrit par un écrivain américain contemporain, donc un film à la
solide réputation trash, et manifestement bien déprimant (ceux qui croient
qu'ils s'agit d'un teen-movie axé sur le cul n'ont pas tout compris). En
même temps, Avary est un acolyte notoire de Tarantino que, comme vous
devez le savoir maintenant, je ne porte pas franchement dans mon coeur. À
voir donc.
Tout se passe dans une université américaine, mais on n'en verra que les
chambres d'internat et les diverses salles et autres endroits où nos
étudiants font la fête. Car ils passent plus ou moins leur temps à ça, les
rares cours étant apparemment tout le temps annulés. Bref, on suit trois
d'entre eux dans leur pérégrinations, avant tout sentimentales : Sean, un
pseudo beau gosse qui reçoit des petits mots dans son casier, Lauren, qui
est vierge et pas fière de l'être, et Paul, qui est pédé et qui ne s'en
cache pas. Un échantillon représentatif de la jeunesse dorée américaine,
quoi. Ah, j'oubliais, ça se drogue et saoule la gueule à tout va, bien
sûr.
Vous me sentez critique ? Eh bien, pour commencer, je vais déverser ma
rage sur quelque chose qui n'a rien à voir avec le film lui-même : on a eu
droit à un DVD avec VO et VF (jusque là tout va bien) ... et aucun
sous-titre disponible. La VF étant essentiellement inregardable, on a
souffert en VO, car ce n'est pas le film le plus facile à suivre qui soit
de ce point de vue. Donc petit message aux nombreux éditeurs de DVD qui
liront cette critique : essayez d'arrêter d'être cons, parfois, ce sera
cool.
Revenons-en tout de même au film. La (longue) première scène, vue en
réalité trois fois, sous l'angle de vue de chacun des protagonistes
principaux, est assez emblématique du film : voix off déprimée, une
volonté de s'orienter vers le trash tout en gardant une image extrêmement
soignée, et surtout des astuces de réalisation du type image accélérée à
l'envers pour rembobiner la scène. Ce n'est pas totalement inintéressant
et plutôt bien fait, on attend donc avec une certaine curiosité de voir
comment le réalisateur va développer ça dans la suite du film.
Mais le problème, c'est qu'en fait il ne développe guère, et se contente
essentiellement de se répéter, sans avoir de véritable fond sur lequel
s'appuyer. Quel est le message dans tout ça ? Que la vie des ados est
affreuse ? Ok, on a compris (et on y croit pas toujours), mais même si le
but est juste de choquer le spectateur c'est raté, le film est trop lisse
pour ça (allez, sauvons une scène de suicide qui marque, pour le reste,
Avary évite en fait soigneusement de montrer ce qui risque de faire mal au
spectateur). Et l'abus de procédés techniques finit par lasser plus
qu'autre chose.
Essentiellement, au bout d'un moment, on s'emmerde. Et on finit par se
désintéresser des mésaventures des gravures de modes friquées qui défilent
sous nos yeux. Dommage, il y avait du potentiel, mais à mon sens mal
exploité.
Roupoil, 5 novembre 2007