Les Infiltrés,

film de Martin Scorsese (2006)



Avis général : 6.5/10
:-) Un casting intéressant, une réalisation qui ne laisse pas indifférent, et un scénario assez bien foutu ... la plupart du temps.
:-( Le coup de speed dans le montage au début. La fin pas vraiment réussie. Et un certain manque de renouvellement chez Scorsese.

Voilà le retour du grand Marty. Enfin, retour, façon de parler, car il n'a jamais vraiment arrêté de tourner, mais bien que son dernier film (Aviator) ait déjà eu de larges proportions, ça faisait un certain temps que Scorsese n'était pas revenu se frotter à ses amis les gangsters. Bon, il s'agit d'un remake d'un film hong-kongais. Ma foi, ça ne se voit pas, et n'ayant pas vu l'auree version, je me bornerai à une critique de celui-ci pour ce qu'il vaut.

Le tout début prête presque à sourire tant on a l'impression que Scorsese d'autoparodie. D'abord une apparition dans l'ombre de Nicholson en méchant, citation philosophique en voix-off à l'appui, puis l'ellipse pour passer du gamin à l'adulte, on a déjà vu ça douze fois. On aurait peut-être pas du se moquer, ceci dit, car Scorsese semble vouloir montrer qu'il est capable de se mettre au goût du jour en nous balançant une première demi-heure (le temps que l'intrigue se mette vraiment en place) rythmée au hachoir. La caméra a beau être toujours aussi précise, je n'accroche pas trop à ce style. Heureusement, il prend plus son temps ensuite.

Le principe de base est assez simple : d'un côté les flics de l'autre le gang des irlandais de Costello. Dans chaque camp, une taupe s'est infiltrée, et c'est à qui démasquera le plus vite l'intrus chez l'adversaire. Simple mais efficace, dans la mesure où cela suffit à instarer un climat de doute et de stress permanent. Dommage tout de même que les personnages ne soient finalement pas très creusés psychologiquement, alors que la présence de Madolyn en plaque tournante du système aurait pu permettre de lancer plus de pistes de réflexions (là, elle ne sert qu'à faire ronronner une machine bien huilée mais qui ne brille pas par son originalité). En plus, le casting était à la hauteur : Nicholson et Matt Damon n'ont pas vraiment à forcer leur talents dans leur rôles respectifs de gros vilain et de froid calculateur, mais Di Caprio arrive assez bien à rendre la fragilité de son personnage.

Mais ce qui intéresse une fois de plus Scorsese, outre la violence qui, on se rassure, est au rendez-vous, c'est le destin tragique de ses héros. Seulement, pour le faire ressentir, il aurait fallu faire un peu plus que de réviser ses classiques (ce qui n'empêche absolument pas le film d'être assez classe). Allez, soyons honnêtes, à un moment, la mort violente d'un personnage important (je ne vais pas poiler) et les minutes qui suivent, le film décolle vraiment au-dessus du bon produit de série. Mais on en est déjà à la moitié, et on sent se profiler une gigantesque peau de banane sous la caméra de Scorsese : comment finir de façon convaincante un film comme celui-ci (le happy end consistant à récompenser le gentil Di Caprio serait trop facile, mais autre chose bien risqué) ? Marty tâte le terrain, se prend un peu les pieds dans le tapis, semble garder son équilibre malgré tout, puis retombe lourdement avec une dernière demi-scène vraiment inutile...

Malgré quelques fulgurances et un style intact, on ne peut pas dire que le dernier Scorsese soit un grand film. Un bon film, certainement, mais qui ne vaut pour moi pas mieux que Les Affranchis, c'est dire qu'on peut mieux faire ;-).

Roupoil, 2 décembre 2006



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