Même après une petite dizaine d'année de critiques, et
plusieurs centaines de films visionnés, on arrive toujours à faire de grandes
premières sur cette page. Aujourd'hui, pour la première fois donc, une
critique de film à sketches. Ah, j'en vois qui bondissent, prétendant que
Paris, je t'aime rentrait déjà dans cette catégorie. Moui, pas faux,
mais c'est quand même différent. Là, on a un nombre limité de réalisateurs et
un sujet commun, dans l'esprit des films à sketches italiens des années 70.
À l'origine du projet, notre Jean Dujardin national (sympa), et son acolyte
Gilles Lellouche (j'apprécie nettement moins a priori). Ils sont même passés
derrière la caméra pour un segment...
Il est donc question dans ce film d'infidélité masculine, toujours jouée par
les deux trublions sus-nommés (mais dans des rôles différents à chaque fois)
à travers six historiettes. Difficile du coup de résumer le tout, mais disons
que les situations sont assez attendues, du quadra pété de thune qui sort
avec une lycéenne, au boulet qui tente de pécho en séminaire professionnel, en
passant par le couple qui s'avoue mutuellement une infidélité. Varié tout de
même donc, et la personnalité des réalisateurs donne de toute façon de quoi
ne pas s'ennuyer.
Difficile en tout cas de critiquer tout ça sans séparer les différents
morceaux : l'introduction, assez facile, a le mérite de mettre dans le bain
et d'afficher une certaine liberté de ton. Mais l'ambiance est très vite
refroidie par l'affreux plantage d'Hazanavicius dans le sketche du séminaire :
c'est long, pas drôle, pas rythmé, voire franchement gênant par moment, une
énorme catastrophe. On remonte la pente avec le court de Lartigau, classique
histoire d'homme obsédé par une minette qui a la moitié de son âge, dont la
conclusion est réussie. Puis vient la seule réalisatrice du film, Emmanuelle
Bercot, qui hérite du double aveu croisé d'infidélité. Peut-être le synopsis
le plus intéressant du lot, mais il aurait été tellement mieux de laisser
l'histoire parler d'elle-même plutôt que de surligner grossièrement tout...
Changement de ton complet avec un court complètement burlesque, peut-être
le meilleur du lot dans son humour très rase-moquette mais complètement
décomplexé qui fait mouche. Enfin, la conclusion filmée par Dujardin et
Lellouche eux-même est assez oubliable mais pas non plus ratée.
Bref, un peu de bon et pas mal de moins bon. En fait, ce qui déçoit le plus,
c'est le manque d'originalité et de vraie méchanceté du scénario. Ni vraiment
drôle, ni véritablement dramatique, il est simplement attendu. Ce qui sauve
tout de même le film de la banalité absolue, ce sont ses acteurs (je dois
l'admettre, Gilles Lellouche en tête !), toujours au poil. Mais on ne peut
pas dire que l'ensemble soulève l'enthousiasme, et la ressurection du film
à sketches risque fort de n'être qu'épisodique.
Roupoil, 25 avril 2012