Un nouveau film de Terry Gilliam est toujours un petit
événement, même si celui-ci n'est pas vraiment celui qui aura soulevé le
plus de ferveur populaire. Il faut bien dire que la bande annonce n'avait
rien d'engageante et que je ne serais moi-même sûrement pas allé voir le
film s'il avait été réalisé par quelqu'un d'autre.
Comme l'annonce subtilement le titre, il est question ici des frères
Grimm. Mais pas de façon tout à fait ordinaire ni fidèle à la vérité
historique, car on est quand même chez Gilliam. Les frères sont donc ici
des arnaqueurs se faisant grassement payer pour faire disparaitre de
villages terrorisés des monstres qu'ils ont eux-même créés. Tout va bien
jusqu'au jour où ils se font griller par les méchants français (qui sont
en train d'envahir leurs voisins au moment où se déroule le film) et
qu'ils se font envoyer régler une histoire semblable dans un trou paumé.
Sauf que dans le trou en question, les faits sont vraiment étranges...
Comme ça, l'histoire a l'air fort alléchante. Un vaste délire sur fond
d'histoire joyeusement maltraitée, et parsemé de nombreuses allusions aux
contes des vénérables frères. Avec Gilliam à la mise en scène, on pouvait
même s'attendre à un véritable festival. Du coup, quand on assiste juste à
un film assez agréable mais inégal, on est forcément déçus. On attendait
mieux.
Non pas que le film soit mauvais. Il y a assez d'invention, de rythme,
d'humour et de romanesque là-dedans pour tenir en haleine le public.
Peut-être même y a-t-il un peu trop de tout à la fois, on ne sait plus
trop où donner de la tête. Le trop, c'est d'ailleurs le principal défaut
du film. Personnages aux confins de la caricature, effets spéciaux plus ou
moins réussis, trop de blabla par moments, on finit par être un peu
fatigué par cette histoire un petit peu sans queue ni tête. Du coup,
forcément, le charme n'opère que par intermittence, et Gilliam n'arrive
jamais à créer une atmosphère prenante pour son conte fantastique, comme
Burton l'avait si bien réussi dans Sleepy Hollow.
On ne ressort pas de cette projection vraiment fâché avec un de nos
réalisateurs préférés, mais on attend tout de même un prochain opus pour
s'enthousiasmer à nouveau. Au rythme où il tourne en ce moment, espérons
tout de même qu'il ne continuera pas trop longtemps à se laisser vivre
avec ce genre de film.
Roupoil, 16 octobre 2005