Un film de science-fiction réalisé par Alfonso Cuaron (qui a contribué au
rafraichissement de la saga des Harry Potter au cinéma) et ayant
pour tête d'affiche Clive Owen (pas franchement mon acteur préféré, mais
pas le premier venu), avait a priori tous les atouts pour jouer les têtes
d'affiches. Et pourtant, c'est relativement discrètement qu'il fait son
apparition chez nous... Les critiques étant pourtant bonnes, il est
nécessaire d'aller vérifier soi-même la valeur du film.
Ca se passe à Londres et dans les environs en 2027, date à laquelle la
Grande- Bretagne est devenue le dernier refuge de la civilisation
(j'exagère un peu, à côté c'est juste la guerre) à grand renfort de
policiers peu débonnaires et de camps de réfugiés nauséabonds. De toute
façon, la population mondiale est déprimée, et la dernière épidémie est du
genre rédhibitoire pour l'avenir de l'humanité : stérilité chez toutes les
femmes depuis près de vingt ans. C'est dire l'importance de la mission de
Theo, chargé d'escorter une jeune femme miraculeusement enceinte.
On comprend assez vite le peu de battage fait autour du film. C'est qu'on
est ici loin des standards hollywoodiens en la matière, Cuaron misant la
plupart du temps sur le réalisme et l'absence de spectaculaire gratuit. Le
décor est à peine futurisme, un simple décalage vers le gris de notre
quotidien. Et l'une des scènes les plus trépidantes du film est une
course-poursuite qui doit tout juste atteindre une vitesse de pointe de 20
km/h. Les fans d'action en auront tout de même pour leur argent, puisque
la dernière demi-heure du film est essentiellement consacrée à l'attaque
d'un camp par l'armée, permettant à Cuaron de faire preuve de son talent
derrière la caméra (le plan-séquence au milieu de la fusillade est assez
bluffant).
Globalement, la réalisation est de toute façon à la hauteur de l'ambition
du sujet ... voire un peu plus ! Car si le point de départ de l'intrigue
est tout à fait intéressant et original, il est tout à fait regrettable
qu'il ne soit pas plus exploité. Le contexte politique ne sert que de
toile de fond, et les tenants et aboutissants de l'histoire sont bien
difficiles à cerner. Alors qu'il y avait largement matière à réflexion, on
se contente de suivre le périple d'un héros lui-même un peu largué, et
d'égayer le film par des touches d'humour assez malvenues. Pire, le
déroulement de l'intrigue est par moments très maladroit (la scène où Theo
découvre la machination tramée par Luke), et devient assez confus sur la
fin.
Curieux paradoxe d'un film qui, pariant sur un fond solide et une forme
sobre, voit son scénario largement dépassé par sa mise en scène. D'un
côté, on est rassurés sur le talent de Cuaron, d'un autre, on est un peu
frustrés de voir ce potentiel très bon film se contenter d'être un bon
petit film. Du gâchis, ça, ma bonne dame, mais ça ne l'empêche pas d'être
mon meilleur film de la journée, après un Severance nullissime et
un Parfum trop lisse pour enthousiasmer.
Roupoil, 27 octobre 2006