Les Fils de l'homme,

film d'Alfonso Cuaron (2006)



Avis général : 5.5/10
:-) Un point de départ assez intéressant. Une réalisation qui en jette pas mal.
:-( Le scénario est mal foutu et pas suffisamment développé.

Un film de science-fiction réalisé par Alfonso Cuaron (qui a contribué au rafraichissement de la saga des Harry Potter au cinéma) et ayant pour tête d'affiche Clive Owen (pas franchement mon acteur préféré, mais pas le premier venu), avait a priori tous les atouts pour jouer les têtes d'affiches. Et pourtant, c'est relativement discrètement qu'il fait son apparition chez nous... Les critiques étant pourtant bonnes, il est nécessaire d'aller vérifier soi-même la valeur du film.
Ca se passe à Londres et dans les environs en 2027, date à laquelle la Grande- Bretagne est devenue le dernier refuge de la civilisation (j'exagère un peu, à côté c'est juste la guerre) à grand renfort de policiers peu débonnaires et de camps de réfugiés nauséabonds. De toute façon, la population mondiale est déprimée, et la dernière épidémie est du genre rédhibitoire pour l'avenir de l'humanité : stérilité chez toutes les femmes depuis près de vingt ans. C'est dire l'importance de la mission de Theo, chargé d'escorter une jeune femme miraculeusement enceinte.
On comprend assez vite le peu de battage fait autour du film. C'est qu'on est ici loin des standards hollywoodiens en la matière, Cuaron misant la plupart du temps sur le réalisme et l'absence de spectaculaire gratuit. Le décor est à peine futurisme, un simple décalage vers le gris de notre quotidien. Et l'une des scènes les plus trépidantes du film est une course-poursuite qui doit tout juste atteindre une vitesse de pointe de 20 km/h. Les fans d'action en auront tout de même pour leur argent, puisque la dernière demi-heure du film est essentiellement consacrée à l'attaque d'un camp par l'armée, permettant à Cuaron de faire preuve de son talent derrière la caméra (le plan-séquence au milieu de la fusillade est assez bluffant).
Globalement, la réalisation est de toute façon à la hauteur de l'ambition du sujet ... voire un peu plus ! Car si le point de départ de l'intrigue est tout à fait intéressant et original, il est tout à fait regrettable qu'il ne soit pas plus exploité. Le contexte politique ne sert que de toile de fond, et les tenants et aboutissants de l'histoire sont bien difficiles à cerner. Alors qu'il y avait largement matière à réflexion, on se contente de suivre le périple d'un héros lui-même un peu largué, et d'égayer le film par des touches d'humour assez malvenues. Pire, le déroulement de l'intrigue est par moments très maladroit (la scène où Theo découvre la machination tramée par Luke), et devient assez confus sur la fin.
Curieux paradoxe d'un film qui, pariant sur un fond solide et une forme sobre, voit son scénario largement dépassé par sa mise en scène. D'un côté, on est rassurés sur le talent de Cuaron, d'un autre, on est un peu frustrés de voir ce potentiel très bon film se contenter d'être un bon petit film. Du gâchis, ça, ma bonne dame, mais ça ne l'empêche pas d'être mon meilleur film de la journée, après un Severance nullissime et un Parfum trop lisse pour enthousiasmer.

Roupoil, 27 octobre 2006



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