Une comédie (française) sur les bonnes espagnoles dans le
Paris bourgeois des années 60, ça vous tente ? A priori, pas plus que ça...
Et pourtant, une bande-annonce attirante, la curiosité de deume et une certaine
sympathie pour Lucchini, et nous voila devant cette curiosité plutôt que
dans la salle d'à côté qui passe le dernier film des frères Coen (que j'irai
sûrement voir quand même, je vous rassure).
Paris, donc, les années 60, les Joubert vivent dans leur petit monde : monsieur,
agent de change, place les millions de ses clients et ne sort que très rarement
de son appartement ; madame a une vie trépidante, partagée entre ses rendez-vous
chez l'esthéticienne et ses soirées bridge ; et les enfants ont été envoyés en
pension. Mais quand leur fidèle bonne les quitte, ils engagent une espagnole
(c'est la mode), et leur vie va s'en trouver bouleversée.
Si vous vous attendez à une comédie subtile mâtinée de satire sociale délicate,
en fait vous faites fausse route. De subtilité, il n'y en a guère ici. Non pas
que l'humour soir gras, pas du tout, mais la caricature et l'exagération ne
semblent pas gêner le moins du monde monsieur Le Guay, qui force souvent assez
grossièrement le trait. Les personnages des enfants par exemple sont
complètement ridicules, et pas mal de scènes sonnent faux car les péripéties
y sont forcées (à commencer par la démission de la bonne).
Oublions donc le réalisme, et laissons de côté l'analyse sociale (même si on en
apprend quand même un peu sur les conditions de vie des bonnes de l'époque), et
laissons-nous emporter par la fantaisie de cette fable qui réussit par contre
parfaitement à atteindre son objectif premier : amuser et divertir. On rit
volontiers, on ne s'ennuie pas une seconde, les acteurs semblent bien s'amuser
(évidemment, Luchini a la tête de l'emploi en grand bourgeois naïf) et la
romance ultra prévisible est tout de même gentiment touchante.
Gentil, c'est d'ailleurs le qualificatif qui convient le mieux à ce film. Rien
d'inoubliable dans tout ça, bien sûr, mais un moment très agréable de passé.
Comme quoi le cinéma français arrive encore à nous réserver de bonnes surprises,
et ses comédies ne se limitent pas aux absurdits d'Eric et Ramzy ou au tapage
médiatique autour de Dany Boon.
Roupoil, 5 mars 2011