Les Etreintes brisées,

film de Pedro Almodovar (2009)



Avis général : 5/10
:-) C'est élégant, soigné, avec de bons acteurs et quelques très beaux moments.
:-( Assez inégal, on a du mal à vraiment rentrer dans le scénario.

Mine de rien, ça faisait un certain temps que je n'avais point vu de film du grand Pedro au cinéma. La sélection de son dernier opus à Cannes (vous me direz, c'est le cas pour à peu près tous ses films, mais comme cette année j'ai décidé de voir tous les films cannois...) est une bonne occasion de renouer avec le cinéma pétillant du plus célèbre des cinéastes espagols actuels.

De cinéma, il est beaucoup question dans ce film, puisqu'il raconte l'histoire de Mateo Blanco, un réalisateur et scénariste qui a du abandonner la première activité après qu'un accident de la route l'ait laissé aveugle. Il va raconter la longue histoire ayant précipité cet accident à Diego, le fils de son agent, qui lui tient compagnie et l'aide à écrire ses scénarios. Tout remonte au milieu des années 90, lors de la réalisation de son dernier film, une comédie pour laquelle il engage la belle Lena, amante d'un vieux requin de la finance.

Une histoire d'amour qui, on l'aura compris, finira mal, et qui est somme toute d'un classicisme de bon aloi. S'il n'y avait la petite originalité consistant à la dérouler dans le milieu du cinéma, on n'aurait l'impression d'avoir déjà vu ça cent fois. Hmmm, peut-être qu'on a quand même un peu cette impression, d'ailleurs, car Pedro a bien du mal à nous surprendre avec ses retrournements très téléphonés (la dernière révélation de Judit est tellement évidente et dispensable qu'on se demande d'ailleurs pourquoi Almodovar a cru bon de nous l'imposer).

Mais admettons le scénario, qui reste un prétexte à l'étude d'une galerie de beaux personnages, habités par des acteurs solides (pour la plupart des habitués d'Almodovar). qu'est-ce qui fait alors qu'on accroche pas autant que d'habitude ? Un rythme mal maitrisé, un peu trop rapide au début, et franchement lent lors des flashs-backs ? L'absence quasi-totale de l'humour et de la fantaisie qui ont longtemps caractérisé le cinéma d'Almodovar (c'est presque triste de le voir citer son propre Femmes au bord de la crise de nerfs à tout bout de champ, tant on a l'impression que ce n'est pas une oeuvre du même cinéaste qu'on a sous les yeux) ? Peut-être effectivement le manque de folie est-il un problème. Certains personnages auraient pourtant pu l'apporter, mais restent à l'état de caricatures (le fils Martel notamment). Pour la première fois certainement, et à ma grande surprise, j'en viendrais presque à taxer Almodovar d'académisme pour ce film.

Et pourtant, n'enterrons pas trop vite le maitre, le potentiel, l'élégance, le style sont toujours là, et suffisent d'ailleurs à créer de temps à autre des scènes d'une beauté envoutante. Seulement voila, la sauce est trop plein de grumeaux pour réellement monter, et un sentiment de frustration domine à la fin de la séance.

Roupoil, 1 juillet 2009



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