Les Dents de la mer,

film de Steven Spielberg (1975)



Avis général : 5.5/10
Côte nanar : Mouais.
:-) Des acteurs plutôt bons. Une deuxième partie qui se laisse suivre.
:-( La première heure est vraiment mauvaise. On sent le manque de moyens par moments.

J'aligne les films américains de la fin des années 7O en ce moment (les trois vieux Star wars il y a peu). Et s'il est bien un film fondateur de cette période de renouvellement de l'art hollywoodien, ce sont ces Dents de la mer, premier blockbuster de l'histoire (bon, sauf au niveau du budget), genre resté extrêmement populaire depuis.

La trame du film de Spielberg était aussi destinée à inspirer bien des cinéastes : dans une station balnéaire branchée, une jeune fille se fait dévorer par un requin à la veille du week-end du 4 juillet (donc de l'afflux de touristes). Les élus locaux convainquent la police (matérialisée par le seul comissaire Brody) de noyer le poisson et de ne pas fermer les plages. Mais un autre incident se produit. Les pêcheurs se lancent à la chasse, tandis qu'un océanographe vient enquêter.

Sur cette trame assez classique (enfin, peut-être pas à l'époque) de film d'action-suspense-épouvante, le film est séparé en deux parties très distinctes. Une première où l'ennemi reste invisible, et où l'essentiel de l'action se produit sur les plages, sous l'oeil inquiet de Brody. Le suspense laisse ensuite place à une chasse au requin en pleine mer, qui lorgne plutôt du côté du film d'aventures viril.

Ne le cachons pas, la première moitié a affreusement mal vieilli. Certes, on sait bien que Spielberg manquait de moyens, ce qui peut expliquer certaines maladresses, mais on ne peut pas pardonner la platitude globale des situations, la répétitivité des scènes de plage sans intérêt (du suspense ? Où ça, du suspense ?) et le manque d'intensité total des attaques (curieux d'ailleurs, John Williams a composé un thème sympa, mais se fait extrêmement discret pendant tout le film). On a tout simplement l'impression que Spielberg meuble parce qu'il n'a rien à montrer. Le seul bon point, c'est qu'on ne s'ennuie pas car c'est tellement cheap que ça a gagné un qualité nanaresque certaine.

Et puis, au moment où on se demande comment certains spectateurs actuels peuvent encore considérer ce film comme un chef-d'oeuvre, le changement de cap se produit. Et la deuxième moitié tient beaucoup mieux la route. Le rythme est plus soutenu, notamment car les trois acteurs tiennent la baraque lors de leurs concours de petites vannes (la scène de comparaisons de cicatrices est assez excellente). Le requin se fait beaucoup plus présent (alors qu'on le voit toujours très peu) et menaçant, et Spielberg sait tout de même mettre en scène ce genre de choses. Du coup, sans atteindre le nirvana (cette partie-là a vieilli aussi), on obtient quelque chose qui se laisse suivre sans déplaisir. On a même droit à une ou deux scènes (l'attaque de la cage et la dernière mort humaine) assez prenantes.

Franchement, tout le film aurait été de ce niveau, j'aurais volontiers admis qu'il soit resté un classique. Mais l'indigence de la première partie me force à une sévérité finalement toute relative, puisque je reste au-dessus de la moyenne. En tout, à ne pas faire regarder à son petit cousin, sous peine de se faire charrier un bon moment ensuite.

Roupoil, 10 avril 2006



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