Les Beaux gosses,

film de Riad Sattouf (2009)



Avis général : 5.5/10
:-) Très rigolo, avec des tronches inoubliables et des répliques savoureuses.
:-( Trop cartoonesque pour être vraiment profond.

Quand j'étais un peu plus jeune et que j'avais beaucoup de temps à perdre (oui, je sais, ça c'est toujours le cas), j'ai eu une période où je lisais beaucoup de BD, et où la nouvelle génération d'auteurs francophones menée par Johan Sfar et Lewis Trondheim faisait partie de mes lectures quesi quotidiennes. Après les avoir perdus de vue pendant quelques années, voila que je les retrouve de façon un brin détournée puisqu'ils s'apprêtent désormais à dépoussiérer un peu le paysage du cinéma français. Après le beau succès de Marjane Satrapi avec Persepolis (mais on était encore dans le domaine de l'animation) et en attendant les débuts de Sfar en personne derrière la caméra, voici un film (un vrai, avec des acteurs en chair et en os) réalisé par un autre jeune trublion, dont pour le coup je n'ai jamais parcouru l'oeuvre dessinée.

Il se propose ici de nous conter les (més)aventures amoureuses de Hervé et Kamel, deux jeunes collégiens envahis par les boutons et les coupes de cheveux ridicules, pour qui filles et sexualité riment encore avec branlette devant les pages lingerie du catalogue La Redoute. Mais tout ça va peut-être changer le jour où une des jolies filles de sa classe commence à s'intéresser de près à Hervé. Enfin, encore faudrait-il pour cela qu'il s'en rende compte...

S'il y a bien une chose que Riad Sattouf a indiscutablement géré pour son premier film, c'est la promo. Après un passage remarqué à Cannes, il a su, grâce à un titre redoutable de simplicité associé à des affiches tout aussi efficaces (mon dieu, le look des gamins, terrible !), donner envie à des spectateurs a priori peu concernés par le sujet du film (comme moi) d'aller quand même voir s'il n'y avait pas moyen de se bidonner un peu aux dépends de ces pauvres ados que nous avons été il n'y a pas si longtemps que ça. Un bon point, c'est qu'effectivement, on se marre bien.

Sattouf a en effet un sens du détail grotesque, du rythme des gags, de la réplique qui tue et des personnages invraisemblables qui fait qu'on ne s'ennuie jamais. Rien de surprenant dans la mesure où ces qualités semblent assez naturelles pour un bon auteur de BD. D'ailleurs, la filiation BD du film est on ne peut plus marquée, et si elle lui apporte bon nombre de ses qualités, on y retrouve aussi ses quelques défauts. En fait, à la réflexion, ce film me fait penser à l'effet qu'a eu sur moi une série comme Donjon (c'est de la BD, ça, pour ceux qui ne suivent pas au fond) il y a quelques années : potentiel de séduction immédiate certain, avec des trouvailles par dizaines, mais quand on creuse un peu plus, le fond est bien léger.

C'est la même chose avec ce sympathique film, qui détend très honnêtement pendant une heure et demie, mais qui passe finalement assez largement à côté de d'une étude intéressante sur le monde de l'adolescence qu'il aurait pourtant pu être. Seulement voila, l'enchainement très rapide des scènes et rebondissements empêche de vraiment approfondir le sujet, et bon nombre de choses, à commencer par des personnages secondaires au-dela de la caricature, sont trop poussées du côté du pur comique pour que le film soit vraiment réaliste. On retiendra quand même les gueules improbables de ces attachants anti-héros, et on souhaite à Riad Sattouf un bel avenir dans le cinéma après ce coup d'essai imparfait mais raffraichissant.

Roupoil, 18 juin 2009



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